jeudi 7 janvier 2010

5-Les Fâcheux : Charles-Henri Tubeuf


La salle publique de lecture de la Bibliothèque est un lieu paisible, particulièrement propice au plaisir solitaire de la lecture. Malheureusement le gentil peuple des lecteurs est souvent troublé par l'arrivée d'un membre de la terrible confrérie des Fâcheux.
Charles-Henri Tubeuf est de ceux-là. Au-début, rien ne le différencie des autres lecteurs. Il a d'ailleurs commencé sa consommation quotidienne de magazines dans un silence presque parfait. Chers lecteurs, mes frères, jouissez bien de ces derniers moments de tranquillité car Charles-Henri va bientôt entrer en action. Un petit détail devrait retenir votre attention... Nous sommes le 8 juin, un soleil généreux inonde la salle de lecture et pourtant Charles-Henri s'est entouré le cou d'une grosse écharpe de laine... Ne cherchez plus. La crise vient juste d'éclater et elle va durer un bon quart d'heure.
Charles-Henri est devenu rouge et il inonde ses voisins d'une magistrale quinte de toux : une véritable canonnade qui stupéfie l'entourage. Il éructe, bave, s'étrangle. Il a la lippe pendante et les yeux exorbités. La respiration manque, puis la toux s'arrête. Simple accalmie. Elle reprend de plus belle, s'amplifie et atteint des sommets gutturaux de la plus belle facture. Son vis-à-vis, une jeune étudiante vietnamienne en immersion linguistique est terrorisée et se protège du mieux qu'elle peut des projections. Elle a de la chance, aujourd'hui, car la toux est sèche. En hiver, elle est grasse et dure des heures.
Ouf ! Charles-Henri vient de partir. Mademoiselle Phong respire. Son héroïsme a des limites. Elle range ses manuels car elle est pressée. Ce soir elle va au concert Mozart avec ses camarades de l'échange culturel. Pauvre Mademoiselle Phong, si elle savait... Charles-Henri y sera aussi. Il adore Mozart.

2 commentaires:

  1. Bof... Les tousseurs, les bavardeurs, les portables, c'est le bruit de fond des salles de lecture ! On s'y fait !

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  2. Comme les pop corns au Gaumont, on s'y fait... ou on s'y fait pas !

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