mercredi 30 décembre 2009

3-Les Fâcheux : Louis Pasdeloup


On n'a toujours pas réussi à prendre Louis Pasdeloup sur le fait. C'est un malin, qui fait preuve d'une virtuosité satanique pour accomplir ses méfaits. Rendez-vous compte... TOUTES LES ENCYCLOPEDIES SONT INFESTEES ! Rien que les encyclopédies, heureusement.
Les bibliothécaires sont au bord de la crise de nerfs lorsqu'un jeune écolier qui n'a rien trouvé sur Wikipedia se dirige vers les encyclopédies pour y glaner quelque renseignement demandé par l' instituteur. Mon Dieu, si par hasard le pauvre enfant tombait sur une page infestée ! La parade est impossible : chaque volume fait au moins mille pages ! Alors, le plus souvent, une charmante bibliothécaire se précipite pour aider la chère tête blonde dans sa recherche.
Car Louis Pasdeloup a une manie. Il truffe littéralement chaque encyclopédie de photos très certainement tirées de l'album de famille de Madame Claude : un vrai festival de galanterie française, plus proche du catch d'alcôve que du Kamasoutra classique.
Certains observateurs attentifs ont noté chez les lecteurs adultes mâles un regain d'intérêt pour la lecture des encyclopédies, même les plus techniques. On parle déjà de collections thématiques et même de bourses d'échange sauvages.
Comme on le voit, la manie de Louis Pasdeloup a de beaux jours devant elle et les réserves paraissent inépuisables. Mais quand cela finira-t-il ? Monsieur Louis donne des insomnies à Madame la Conservatrice en Chef.
Et ça l'amuse.

2-Les Fâcheux : Raymond


Il s'appelle Raymond. Tout le monde l'appelle Raymond. Raymond qui ? Nul ne le sait. Peut-être ne le sait-il plus lui-même. Aux beaux jours il loge sous l'escalier d'entrée de la Faculté de Droit. C'est un peu la mascotte des étudiants. On l'aime bien, Raymond, même quand il sent assez fort aux premières chaleurs. Dès novembre, c'est différent. Il prend ses quartiers d'hiver au foyer Saint Benoît, tout près de la Bibliothèque. Il est rasé de frais et chaque après-midi il vient passer deux heures parmi les lecteurs. Il aime s'asseoir près d'une étudiante. Il lui adresse un petit sourire et il ouvre un journal ou une encyclopédie, selon son humeur. Raymond se frotte les mains, fait quelques légers étirements et commence sa lecture.
Mais bientôt retentissent les ronflements, les célèbres ronflements de Raymond. Et la jeune voisine déménage avec ses Dalloz sous le bras. La prochaine fois elle aura des boules Quiès.

1-Les fâcheux : Le pétomane


Par décence nous ne dévoilerons pas l'identité du pétomane. Il est d'ailleurs fort probable qu'il exerce son art sous le couvert d'un pseudonyme. Seul un regard exercé pourra déceler sa présence en hiver car le rhume sévit et les nez sont bouchés. Mais à la belle saison un coup d'oeil suffit à le repérer : il est le seul à sa table même quand la salle de lecture est comble.
Le pétomane des bibliothèques est une espèce en voie d'extinction en raison de la nette amélioration des repas servis dans les restaurants universitaires. Il reste fort heureusement quelques farouches amateurs de fèves chez les lecteurs du troisième âge pour perpétuer la race.
Un dernier point, important. Le pétomane des bibliothèques ne doit pas être confondu avec son glorieux ancêtre, le pétomane de music hall. Si ce dernier réussissait à susciter l'enthousiasme des mélomanes les plus avertis, le premier au contraire oeuvre dans une grande discrétion et les gammes qu'il nous offre font même fuir les amateurs de musique contemporaine, pourtant peu enclins à dénigrer les folles audaces des créateurs.

10-Les piliers de la salle de lecture : Jessica Gruyère


Jessica Gruyère nous arrive certainement des lointaines montagnes laitières.Mais ce n'est pas pour ses origines qu'elle nous intéresse aujourd'hui. Jessica Gruyère entre dans la catégorie très spéciale " des lecteurs qui ne lisent pas ".
Observons Jessica qui revient de la banque de prêt, les bras chargés de livres : toutes les époques, tous les formats, toutes les origines. Elle en prend un, au hasard je suppose, et ferme les yeux. Oui, vous avez bien lu. Elle va lire les yeux fermés. Elle approche son visage d'un rare exemplaire des Fables de La Fontaine, Claude Barbin, privilège du 6 juin 1667. On dirait qu'elle se recueille. Très délicatement elle ouvre l'illustre livre à la reliure de chevreau. Les feuilles craquent en s'ouvrant. Instant divin et si fugace. Jessica a plongé son nez entre deux feuilles et hume le parfum qui s'en exhale. Bouquet complexe de citron vert et vieux bois avec quelques notes animales discrètes. Voilà. C'est déjà fini. Inutile de passer à une autre fable. Jessica le sait et il faudra attendre de longues années avant que le miracle olfactif ne se reproduise pour cet exemplaire.
Essayons plutôt ce " Voyage autour du Monde par la Frégate la Boudeuse ", Editions Saillant 1771. Oh ! Quelle explosion ! Attaque directe de la vanille, suivie par les puissantes fragrances de beurre frais. Jessica laisse son nez s'aventurer plus au fond des vieilles feuilles gondolées. Elle finit par débusquer une note de croûte de pain... à moins que ce soit de la fraise... oui, c'est ça,de la fraise...
Mais Jessica a déjà refermé le livre, toute enivrée de son " Voyage autour du Monde ". Comme l'abeille qui sort de la fleur, cela va être dur de revenir sur terre...

mardi 22 décembre 2009

9-Les piliers de la salle de lecture : " T'en veux une ? "


C'est comme ça que tous les lecteurs du mercredi après-midi l'appellent. A 14 heures tapantes il est là et on en a pour une heure minimum. S'il arrivait seul, il passerait inaperçu mais " T'en veux une ? " est toujours accompagné de ses trois bambins. Et pour cause : Il les garde pendant que sa femme travaille.
Petit, noir de poil, la quarantaine qui approche et toujours à cran. Il a passé sa nuit à surveiller les entrepôts Machin, il n'a pas dormi et il a récupéré sa ribambelle après déjeuner. Il est archi-crevé et il ne rêve que d'une chose : lire tranquillement les pages foot de L'Equipe. Les habitués de la salle de lecture le connaissent depuis 2 ans. Tout le monde vous le dira : Il n'a jamais réussi à lire L'Equipe.
Ses gamins finiront par l'achever. Il les a eus en rafale : 6, 5 et 4 ans. Deux garçons et une fille pour finir en beauté : La dernière, c'est une véritable terreur qui répond au doux nom de Zézé. " Zézé, viens ici ! ", " Zézé, laisse le sac de la dame ! ", " Nom de D., Zézé, t'en veux une ? ". Et le père de la belle enfant accompagne sa menace d'un geste éloquent. Mais Zézé continue et excite ses deux frères. Courses, glissades, cache-cache sous les tables, escalades des étagères, cavalcades dans les couloirs, sucettes gluantes sur les sièges. Un vrai festival chaque mercredi après-midi.
Ah, s'ils pouvaient disparaître tous les quatre dans une trappe, à tout jamais !... Mais je crois bien qu'on entendrait encore, venu de je ne sais quelle oubliette :
" Nom de D., Zézé, t'en veux une ? "

samedi 19 décembre 2009

8-Les piliers de la salle de lecture : Tide Flower


Un beau jour Tide Flower - de son vrai nom Aristide Lafleur - a débarqué dans la salle de lecture avec son sac de voyage et ses célèbres carnets. Il a jeté l'ancre près du grand radiateur où vous pouvez le voir entre 14h et 16h. C'est sans aucun doute le personnage le plus exotique de notre petite société. On ne sait pratiquement rien de lui si ce n'est qu'il est né aux Antilles, à Marie-Galante. Son arrivée dans la salle de lecture ne passe jamais inaperçue en raison de sa démarche nonchalante et chaloupée qui lui est particulière. Un flot de Reggae s'échappe de son baladeur et on dirait vraiment qu'il danse.
Son fan club l'accueille : des étudiants, anglicistes pour la plupart, pour qui il est une sorte de gourou littéraire. Car Tide écrit, et les multiples expériences poétiques qu'il transcrit impressionnent ses jeunes admirateurs. Ne dit-on pas qu'il a connu PERSONNELLEMENT Kérouac, Ginsberg, Burroughs et les autres ? Tide laisse courir et s'enfler la rumeur car elle douce à ses oreilles.
Madame la Conservatrice en chef s'est émue d'avoir un des derniers représentants de la Beat Generation dans ses murs. Il est même question de l'édition d'une plaquette de ses poèmes.
La gloire littéraire frappe aux portes et Tide n'a pas envie qu'elle soit posthume : il a réduit de moitié sa ration journalière de Punch planteur !

jeudi 17 décembre 2009

7-Les piliers de la salle de lecture : Diouf, Ndiaye, Diallo et les autres


Le club Fig Mag peut aller se rhabiller. Monsieur le Doyen honoraire de la Faculté de droit ne leur arrive pas à la cheville et même Marc Antoine Bensimon, fidèle lecteur de Vogue et célèbre pour la coupe de ses complets ne peut rien contre eux sur le terrain de l'élégance. Ils sont imbattables et entendent bien le rester. Qui ça ? Les membres du club sénégalais. Un club d'hommes bien sûr, auquel vient parfois se mêler, comme par effraction, une compatriote en tenue exotique.
On les croirait sortis d'un magazine de mode pour Messieurs. D'ailleurs, c'est leur lecture favorite. On ne plaisante pas, au club sénégalais. Pas de jeans, ni de lambswool, encore moins de Converse. On laisse ça aux blancs. Raffinement des étoffes, recherche des cuirs, distinction de la coupe, suprême touche aristocratique des cravates de chez Cerutti. Une Classe qui fait pâlir d'envie tous les étudiants besogneux de la salle de lecture.
Sont-ils fils de roi du phosphate ou de caïd de l'arachide ? Point du tout. Ils tirent le diable par la queue et ne mangent qu'une fois par jour : c'est qu'ils consacrent presqu'entièrement leur maigre bourse à la quête de leur Saint Graal : le LOOK HYPER CLASSE DU BIZENESSE MAN.
Le club se réunit le jeudi après-midi près de la grande baie vitrée. Il y fait plus chaud. On se passe de main en main le seul exemplaire de Jeune Afrique que reçoit la Bibliothèque. Aujourd'hui les commentaires vont bon train et le club commence à s'exciter. Ca chauffe en Casamance ? La Gambie se rebiffe ? L'armée gronde ? Vous n'y êtes pas... C'est Pierre Cardin qu'on interviouve en page quatre.
Honneur, honneur au Maître des futals HYPER CLASSE !

lundi 14 décembre 2009

6-les piliers de la salle de lecture : Marie-Cécile et son club


Vous ne pouvez échapper au club Fig Mag. Il a pris possession du centre névralgique de la salle de lecture. C'est aussi la meilleure table, la mieux éclairée et les meilleurs sièges, rempaillés de neuf. Les filles ont la panoplie Cyrillus : Kilt ou jupe grise droite, veste de cheval matelassée et réticule en bandoulière. Les garçons, eux, ont le cheveu court, le pull cachemire et la serviette en maroquin. Ils sont ici chez eux. La Bibliothèque est un des sommets du triangle doré : Les deux autres sont le boulevard Sévigné où ils habitent chez Papa Maman et la Faculté de Droit où ils étudient.
Petits bisous, invitations aux rallyes, derniers échos du mariage de Thibaud et Violaine : le club a son activité maximale à 17h30, après les cours.
Marie-Cécile a la vedette aujourd'hui. Le club n'a d'yeux que pour sa bague. Le monde peut s'écrouler, la Bibliothèque peut tomber en poussière, Marie-Cécile est fiancée, qu'on se le dise !

5-les piliers de la salle de lecture : Rose Pivert


Aujourd'hui est un grand jour pour Rose Pivert. Cela faisait bien trois semaines qu'elle butait dans sa recherche généalogique. Son tableau s'arrêtait à 1812. Impossible de remonter au-delà. Et puis il y a eu le déclic. Elle a consulté le Dictionnaire des changements de noms de l'archiviste Jérôme ( 1807 ) et d'un seul coup son tableau d'ascendances s'est débloqué. Quel bonheur !
Rose est si passionnée de généalogie qu'elle vient d'accepter la place redoutée de trésorière-adjointe du Cercle amateur de généalogie. Elle a une spécialité : les registres et archives de cimetières. On la consulte de très loin ! Si vous lui demandez gentiment, elle vous fera votre généalogie jusqu'à la 6ème génération, gratuitement, pour le plaisir. Au-delà, il faudra lui payer l'essence et les frais d'hôtel.
Son chef-d'oeuvre, c'est son arbre à elle. Il remonte jusqu'à 1488. " Il y a tellement de Pivert dans mon arbre que ce n'est plus un arbre mais du gruyère ! " Rose est une généalogiste qui a de l'humour. Ca arrive.

vendredi 11 décembre 2009

4-Les piliers de la salle de lecture : Tugdual de Kerboissec


Le vicomte Tugdual de Kerboissec n'est plus de ce monde. C'est une façon de parler, bien évidemment. Comme vous pouvez le constater, il est d'une belle santé dans son gilet d'armes et ses bottes de chevreau. En vérité, Monsieur le Vicomte a trouvé le secret pour remonter le temps. Chaque lundi, à quinze heures précises, il débarque de ses terres et s'installe pour deux heures près des usuels. Le grand voyage commence. Il ouvre sa bible ; " the antiquities of Heraldy ", London 1869, un in - 8° qu'il est le seul à consulter et il se laisse emporter par les centaines de blasons et d'écus qui tapissent l'ouvrage.
Les femmes l'ont terriblement déçu, les chevaux gardent encore quelqu'attrait mais seule l'héraldique fait naître en lui l'ivresse des grands fonds.Par sa femme il est allié aux Condé " de France, au bâton péri, en bande, de gueules " et sa lignée à lui, remonte au Duc Jean " d'argent,à l'écusson de gueules à l'orle de huit hermines de sinople ". Tout le passé de la chevalerie française défile ainsi, avec ses héros emblasonnés et ses dames de légendes en leurs habits anciens.
Mais Monsieur le Vicomte a une blessure secrète. Ses deux fils se sont mis en GAEC pour exploiter les terres et ont troqué l'écu de leurs ancêtres pour le logo de la Coopagri " d'azur, au Massey Fergusson de gueules posé à dextre ". Une Horreur !

jeudi 10 décembre 2009

3-les piliers de la salle de lecture : Monsieur S.


A l'entrée de la salle, près des quotidiens, nous apercevons Monsieur S. Toujours vêtu de son caban en gros drap bleu qu'il troque contre une saharienne de coutil beige en été, Monsieur S. s'adonne quotidiennement à son sport favori : les mots-croisés. Les règles sont précises et pour rien au monde il n'y dérogerait. Il est toujours le premier à pénétrer dans la salle dès l'ouverture et il fond sur sa proie, le grand quotidien régional, tout frais du matin.
Bas de la page 30, le problème du jour, une grille de 100 cases moins les noires qu'il résout en un petit quart d'heure. Il connaît toutes les astuces, les comparaisons codées, les définitions à double sens, les mêmes depuis vingt ans... Monsieur S. a bien essayé les grilles d'autres quotidiens, pour changer. Un vrai désastre ! Un cafouillage pour chaque mot et un sentiment d'échec déstabilisant. Monsieur S. est vite revenu à sa séance de gymnastique mentale euphorisante : une vraie drogue finalement, et si douce...
C'est réglé comme Saint Benoît. Un quart d'heure, pas plus. Il se lève, salue Monsieur P. qui vient d'arriver et prend sa place, pour résoudre à son tour le même problème.
Ah, j'oubliais ! Monsieur S. a deux outils : Un crayon 2H, bien sec, qui ne marque pas le papier et une grosse gomme rose pour effacer immédiatement sa réussite éphémère.
Bel exemple de solidarité cruciverbiste !

2- Les piliers de la salle de lecture : Marcellin Ladoumègue


Marcellin Ladoumègue a passé sa vie sur les stades : 40 ans à tondre la pelouse et ratisser pistes et sautoirs. Le jour de son départ à la retraite il a retrouvé le vieux missel que sa marraine lui avait offert pour sa communion solennelle. C'était un signe. Marcellin a entendu l'appel de Dieu et consacre désormais sa vie à l'étude des missels. Il prépare activement pour le diocèse un catalogue raisonné des années 1940 - 1950. Le sujet est étonnamment riche et le fonds de la Bibliothèque presque inépuisable.
Marcellin avait des vues sur une certaine Jeanine Grattevache, ancienne championne départementale du triple saut. " Une retraite confortable, une bonne santé : j'aurai mes chances, je me déclarerai " pensait-il en secret.
Mais Dieu a gagné et Marcellin a pris une décision qui l'honore : pour mener à bien cette mission de bibliophilie sacrée, il restera célibataire.

mercredi 9 décembre 2009

1-Les piliers de la salle de lecture : Docteur Chapon-Gaillard


Il n'y a pas grand chose à dire du docteur Chapon-Gaillard. C'est un petit homme discret, octogénaire depuis peu, dont l'apparence n'est pas sans rappeler la tortue des Iles Galapagos. Eté comme hiver il est vêtu de son éternelle veste de gros tweed qui le protège comme un caparaçon. On imagine aisément le corps fluet et blanchâtre qui se cache dessous. Seules émergent les extrémités de deux membres antérieurs et surtout un long cou rétractile à fanons qui supporte avec vaillance une tête exempte de tout poil.
Il arrive selon son humeur, et si son journal n'est pas libre, il prend son tour. Car le docteur Chapon-Gaillard ne vient que pour le FIGARO. Ses outils : un petit calepin banal ( 16 x 9 ), un crayon finement taillé et une grosse loupe qui lui servait jadis à observer les grains de beauté suspects de ses patients.
Une seule chose l'intéresse. Page 21. Le cours des valeurs françaises, que dis-je, le cours de l'unique valeur où il a placé tout son portefeuille : Pernod-Ricard; +1 point aujourd'hui ! Le docteur est satisfait. En fin connaisseur de la réalité française il sait que les grands limonadiers ne font jamais faillite. Quand il pense à son collègue gynécologue qui avait tout misé dans Eurotunnel. Infarctus. Lessivé en 2 jours. Ce n'est pas avec Pernod-Ricard que cela arriverait.
Jetons un petit coup d'oeil sur l'or : 150 de mieux à 5700.
Et bien, docteur, voilà une journée qui s'annonce bien... Vous prendrez bien un petit Ricard.

mardi 8 décembre 2009

La pendule


Le premier personnage de cette petite galerie est sans aucun doute le plus important de tous. Les habitués de la salle de lecture le connaissent bien. C'est la pendule.
C'est une brave machine ronde en tôle emboutie chromée qui trône à quatre mètres de hauteur au-dessus de la porte d'entrée. Ce matin 8 décembre elle indique 11h30. En réalité il n'est que 10h30 car la pendule est restée à l'heure d'été. Observez-la bien. Vous remarquerez vite que les aiguilles ne bougent pas. Ne cherchez pas. La pendule est arrêtée depuis bientôt cinq ans. C'est certainement le lot des pendules administratives perchées à quatre mètres de hauteur...
On l'aime bien, notre pendule, muette et immobile. Elle nous rappelle notre privilège de lecteurs : quand on lit, le temps se fige.
Se fige vraiment ? Profitons bien de ces moments volés au temps car bientôt va retentir l'horrible sonnerie de midi ramenant le peuple élu des lecteurs aux réalités commune de l'humaine condition.

La Bibliothèque

Heffe habite à deux pas de la bibliothèque du quartier. Il l'aime bien, sa bibliothèque. Ses rangées de vieux bouquins, ses revues, ses journaux. Et surtout tous les lecteurs, jeunes et vieux, avec leurs manies et leurs rêves. Heffe les a bien observés : Un véritable bestiaire, comme il dit. Et il vous livre chaque jour le portrait d'un lecteur, son voisin, son frère.

lundi 7 décembre 2009

Sans papier

Heffe a un petit problème d'attention oculaire ( c'est son médecin qui le lui a dit ) mais il est certain de ne pas avoir rêvé ! Après l'Ibis sacré dans le Golfe du Morbihan, c'est l'autruche vulgaire à Cesson ( 35 ). La conférence de Copenhague va certainement aborder le sujet.

Et encore la grippe !

Comme chacun sait, la grippe fait des ravages et le Jardingue n'y échappe pas.






Avec ce dessin se termine le Jardingue de Heffe. Comme il commence à faire froid dans le Jardingue, Heffe a eu envie de se mettre au chaud ; il hiberne mais garde un oeil sur ses contemporains... Demain donc, commence une nouvelle série " d'intérieur ".

jeudi 3 décembre 2009

Aidons nos amies les bêtes !


Voici les premières gelées ! Le temps est venu d'aider nos petits hôtes des jardins à passer l'hiver. Prenons par exemple la vipère des tomates. C'est un petit reptile très attachant mais fragile dès que le thermomètre descend. Comme ce petit reptile n'hiberne pas il faut absolument lui donner un coup de main. La meilleure façon est de l'assommer. Tout simplement. Si les cervicales sont atteintes, l'hibernation sera correcte. Une fois KO, la vipère ressemble à une guimauve molle. Il vous suffit de l'enrouler dans deux feuilles de papier-journal et de placer près de sa tête une petite grenouille confite dans l'alcool de poire. Si elle survit ( la vipère, pas la grenouille ), elle vous en sera éternellement reconnaissante.
Notre deuxième hôte est, comme vous l'avez deviné, le raton laveur. J'appelle raton laveur tout ce qui a quatre pattes et bouge dans le jardin. Comme on le voit, la vipère des tomates n'appartient donc pas à l'espèce des ratons laveurs. Par contre, le hérisson, le chat sauvage, la belette et le petit lapin, le rat des potagers et l'escalope des marais sont tous des ratons laveurs. En hiver, le principal danger auquel s'exposent ces adorables petits rongeurs est la mammite des frimas ( appelée aussi chauds tétons du potager par la tradition orale ). Contrairement à toute logique naturaliste, cette affection atteint mâles et femelles. Si vous voulez avoir un raton laveur sain et appétissant au début du printemps, vous vous devez de protéger vos petits bichons. Une vieille machine à laver de la marque Bendix fera parfaitement l'affaire. Il vous suffit de débrancher l'appareil, de l'installer près du fumier mais sans la vidanger. Ceci est très important. Quelques doses de poudre à laver non toxique pour les RL et le tour est joué. N'oubliez pas de laisser le hublot ouvert. Vous verrez, le RL ne peut y résister. Dans ce milieu accueillant, le RL ne craint ni la mammite des frimas, ni le courglou siffleur, son traditionnel prédateur pendant la saison hivernale.
Et bien, pour finir, évoquons justement ce courglou siffleur. Il émet un cri aigu qui paralyse le raton et fait tourner la crème anglaise. Mais il est protégé par le Ministre de la Culture et vous devez l'aider, lui aussi, à passer l'hiver de la façon la plus paisible qui soit. C'est simple. Il suffit de lui couper le sifflet d'un coup de binette. Le courglou s'endort alors comme une masse. Au début du printemps n'oubliez pas de réintroduire le sifflet dans son gosier ; opération pénible pour le volatile mais dans ses petits yeux jaunes vous lirez le mot "merci". Que ne ferait-on pas pour ces charmantes bestioles de nos jardins !

une vie de cornichon





Comme chacun sait, le cornichon est un fruit mal dans sa peau. On peut le comprendre. Vous avez vu sa peau ? A mi-chemin entre l'acnée juvenile et la chair de poule. Verte de surcroît. Triste vie pour ce rampant des potagers voué à la mélancolie et à la fréquentation des lombrics. Le plaisir sexuel lui est même refusé puisque ce sont les abeilles qui le fertilisent en le lutinant. Comme le potimarron, il connaît l'angoisse de la mort, ce en quoi il a tort, car le cornichon se réincarne alors en condiment et en compagnie de nombreux congénères il connaît enfin les plaisirs de la natation et de l'alcool.

mardi 1 décembre 2009

Lila abat ses cartes

Et surtout n'oubliez pas de cliquer gauche sur l'image pour retrouver le dessin original !

la poule et le haricot vert



Il faut choisir


Comparons, si vous le voulez bien, une poule et un pied de haricot vert. Quelle idée farfelue, me direz-vous ! Peut-être... Mais poursuivons. La poule, comme chacun sait, incarne la joie de vivre : Vive, enjouée, à l'affût du moindre grain qui traîne ou du plus petit vermisseau qui se trémousse. Espiègle et gracieuse, c'est une vraie ballerine dans son tutu de plumes blanches qu'elle présente au firmament. Qui n'a pas rêvé de s'offrir cette petite danseuse qui ne coûte rien et nous offre chaque jour un oeuf...
A l'inverse, le plan de haricot est d'une banalité mortelle. Tout est vert chez lui; il se fout complètement de ce qui l'entoure, et surtout, à la différence de la poule, il n'a pas l'esprit d'aventure. Son fruit comestible, le haricot des boîtes, se confond avec les branches et sa cueillette est un vrai supplice pour le jardinier presbyte.
Notre petite poule sort donc nettement gagnante de cette confrontation. Sauf que le haricot a un net avantage sur sa concurrente. En effet, je pèse mes mots, mais c'est l'évidence même : A la différence de la poule, le haricot vert ne pète pas. Ce n'est pas une grande découverte scientifique, me direz vous, mais c'est un fait. La poule, comme sa cousine la ballerine, a un pet discret. Mais dans les deux cas, leur pet a un effet dévastateur sur l'écosystème. Mon cousin Michel, qui est le spécialiste de la poule au journal de France 3, m'a confirmé qu'une poule adulte et bien charpentée pétait environ nonante fois par jour. Elle émet donc, selon ses calculs, une livre de méthane tiède par jour, ce qui contribue malheureusement au fâcheux effet de serre. C'est pourquoi, en jardinier amateur responsable, je laisse tomber la reine de la basse-cour et choisis le discret haricot vert. La Reine Victoria et Georges Clémenceau lui-même, célèbres jardiniers amateurs, avaient déjà fait le même choix : C'est dire !