mercredi 30 décembre 2009

3-Les Fâcheux : Louis Pasdeloup


On n'a toujours pas réussi à prendre Louis Pasdeloup sur le fait. C'est un malin, qui fait preuve d'une virtuosité satanique pour accomplir ses méfaits. Rendez-vous compte... TOUTES LES ENCYCLOPEDIES SONT INFESTEES ! Rien que les encyclopédies, heureusement.
Les bibliothécaires sont au bord de la crise de nerfs lorsqu'un jeune écolier qui n'a rien trouvé sur Wikipedia se dirige vers les encyclopédies pour y glaner quelque renseignement demandé par l' instituteur. Mon Dieu, si par hasard le pauvre enfant tombait sur une page infestée ! La parade est impossible : chaque volume fait au moins mille pages ! Alors, le plus souvent, une charmante bibliothécaire se précipite pour aider la chère tête blonde dans sa recherche.
Car Louis Pasdeloup a une manie. Il truffe littéralement chaque encyclopédie de photos très certainement tirées de l'album de famille de Madame Claude : un vrai festival de galanterie française, plus proche du catch d'alcôve que du Kamasoutra classique.
Certains observateurs attentifs ont noté chez les lecteurs adultes mâles un regain d'intérêt pour la lecture des encyclopédies, même les plus techniques. On parle déjà de collections thématiques et même de bourses d'échange sauvages.
Comme on le voit, la manie de Louis Pasdeloup a de beaux jours devant elle et les réserves paraissent inépuisables. Mais quand cela finira-t-il ? Monsieur Louis donne des insomnies à Madame la Conservatrice en Chef.
Et ça l'amuse.

2-Les Fâcheux : Raymond


Il s'appelle Raymond. Tout le monde l'appelle Raymond. Raymond qui ? Nul ne le sait. Peut-être ne le sait-il plus lui-même. Aux beaux jours il loge sous l'escalier d'entrée de la Faculté de Droit. C'est un peu la mascotte des étudiants. On l'aime bien, Raymond, même quand il sent assez fort aux premières chaleurs. Dès novembre, c'est différent. Il prend ses quartiers d'hiver au foyer Saint Benoît, tout près de la Bibliothèque. Il est rasé de frais et chaque après-midi il vient passer deux heures parmi les lecteurs. Il aime s'asseoir près d'une étudiante. Il lui adresse un petit sourire et il ouvre un journal ou une encyclopédie, selon son humeur. Raymond se frotte les mains, fait quelques légers étirements et commence sa lecture.
Mais bientôt retentissent les ronflements, les célèbres ronflements de Raymond. Et la jeune voisine déménage avec ses Dalloz sous le bras. La prochaine fois elle aura des boules Quiès.

1-Les fâcheux : Le pétomane


Par décence nous ne dévoilerons pas l'identité du pétomane. Il est d'ailleurs fort probable qu'il exerce son art sous le couvert d'un pseudonyme. Seul un regard exercé pourra déceler sa présence en hiver car le rhume sévit et les nez sont bouchés. Mais à la belle saison un coup d'oeil suffit à le repérer : il est le seul à sa table même quand la salle de lecture est comble.
Le pétomane des bibliothèques est une espèce en voie d'extinction en raison de la nette amélioration des repas servis dans les restaurants universitaires. Il reste fort heureusement quelques farouches amateurs de fèves chez les lecteurs du troisième âge pour perpétuer la race.
Un dernier point, important. Le pétomane des bibliothèques ne doit pas être confondu avec son glorieux ancêtre, le pétomane de music hall. Si ce dernier réussissait à susciter l'enthousiasme des mélomanes les plus avertis, le premier au contraire oeuvre dans une grande discrétion et les gammes qu'il nous offre font même fuir les amateurs de musique contemporaine, pourtant peu enclins à dénigrer les folles audaces des créateurs.

10-Les piliers de la salle de lecture : Jessica Gruyère


Jessica Gruyère nous arrive certainement des lointaines montagnes laitières.Mais ce n'est pas pour ses origines qu'elle nous intéresse aujourd'hui. Jessica Gruyère entre dans la catégorie très spéciale " des lecteurs qui ne lisent pas ".
Observons Jessica qui revient de la banque de prêt, les bras chargés de livres : toutes les époques, tous les formats, toutes les origines. Elle en prend un, au hasard je suppose, et ferme les yeux. Oui, vous avez bien lu. Elle va lire les yeux fermés. Elle approche son visage d'un rare exemplaire des Fables de La Fontaine, Claude Barbin, privilège du 6 juin 1667. On dirait qu'elle se recueille. Très délicatement elle ouvre l'illustre livre à la reliure de chevreau. Les feuilles craquent en s'ouvrant. Instant divin et si fugace. Jessica a plongé son nez entre deux feuilles et hume le parfum qui s'en exhale. Bouquet complexe de citron vert et vieux bois avec quelques notes animales discrètes. Voilà. C'est déjà fini. Inutile de passer à une autre fable. Jessica le sait et il faudra attendre de longues années avant que le miracle olfactif ne se reproduise pour cet exemplaire.
Essayons plutôt ce " Voyage autour du Monde par la Frégate la Boudeuse ", Editions Saillant 1771. Oh ! Quelle explosion ! Attaque directe de la vanille, suivie par les puissantes fragrances de beurre frais. Jessica laisse son nez s'aventurer plus au fond des vieilles feuilles gondolées. Elle finit par débusquer une note de croûte de pain... à moins que ce soit de la fraise... oui, c'est ça,de la fraise...
Mais Jessica a déjà refermé le livre, toute enivrée de son " Voyage autour du Monde ". Comme l'abeille qui sort de la fleur, cela va être dur de revenir sur terre...

mardi 22 décembre 2009

9-Les piliers de la salle de lecture : " T'en veux une ? "


C'est comme ça que tous les lecteurs du mercredi après-midi l'appellent. A 14 heures tapantes il est là et on en a pour une heure minimum. S'il arrivait seul, il passerait inaperçu mais " T'en veux une ? " est toujours accompagné de ses trois bambins. Et pour cause : Il les garde pendant que sa femme travaille.
Petit, noir de poil, la quarantaine qui approche et toujours à cran. Il a passé sa nuit à surveiller les entrepôts Machin, il n'a pas dormi et il a récupéré sa ribambelle après déjeuner. Il est archi-crevé et il ne rêve que d'une chose : lire tranquillement les pages foot de L'Equipe. Les habitués de la salle de lecture le connaissent depuis 2 ans. Tout le monde vous le dira : Il n'a jamais réussi à lire L'Equipe.
Ses gamins finiront par l'achever. Il les a eus en rafale : 6, 5 et 4 ans. Deux garçons et une fille pour finir en beauté : La dernière, c'est une véritable terreur qui répond au doux nom de Zézé. " Zézé, viens ici ! ", " Zézé, laisse le sac de la dame ! ", " Nom de D., Zézé, t'en veux une ? ". Et le père de la belle enfant accompagne sa menace d'un geste éloquent. Mais Zézé continue et excite ses deux frères. Courses, glissades, cache-cache sous les tables, escalades des étagères, cavalcades dans les couloirs, sucettes gluantes sur les sièges. Un vrai festival chaque mercredi après-midi.
Ah, s'ils pouvaient disparaître tous les quatre dans une trappe, à tout jamais !... Mais je crois bien qu'on entendrait encore, venu de je ne sais quelle oubliette :
" Nom de D., Zézé, t'en veux une ? "

samedi 19 décembre 2009

8-Les piliers de la salle de lecture : Tide Flower


Un beau jour Tide Flower - de son vrai nom Aristide Lafleur - a débarqué dans la salle de lecture avec son sac de voyage et ses célèbres carnets. Il a jeté l'ancre près du grand radiateur où vous pouvez le voir entre 14h et 16h. C'est sans aucun doute le personnage le plus exotique de notre petite société. On ne sait pratiquement rien de lui si ce n'est qu'il est né aux Antilles, à Marie-Galante. Son arrivée dans la salle de lecture ne passe jamais inaperçue en raison de sa démarche nonchalante et chaloupée qui lui est particulière. Un flot de Reggae s'échappe de son baladeur et on dirait vraiment qu'il danse.
Son fan club l'accueille : des étudiants, anglicistes pour la plupart, pour qui il est une sorte de gourou littéraire. Car Tide écrit, et les multiples expériences poétiques qu'il transcrit impressionnent ses jeunes admirateurs. Ne dit-on pas qu'il a connu PERSONNELLEMENT Kérouac, Ginsberg, Burroughs et les autres ? Tide laisse courir et s'enfler la rumeur car elle douce à ses oreilles.
Madame la Conservatrice en chef s'est émue d'avoir un des derniers représentants de la Beat Generation dans ses murs. Il est même question de l'édition d'une plaquette de ses poèmes.
La gloire littéraire frappe aux portes et Tide n'a pas envie qu'elle soit posthume : il a réduit de moitié sa ration journalière de Punch planteur !

jeudi 17 décembre 2009

7-Les piliers de la salle de lecture : Diouf, Ndiaye, Diallo et les autres


Le club Fig Mag peut aller se rhabiller. Monsieur le Doyen honoraire de la Faculté de droit ne leur arrive pas à la cheville et même Marc Antoine Bensimon, fidèle lecteur de Vogue et célèbre pour la coupe de ses complets ne peut rien contre eux sur le terrain de l'élégance. Ils sont imbattables et entendent bien le rester. Qui ça ? Les membres du club sénégalais. Un club d'hommes bien sûr, auquel vient parfois se mêler, comme par effraction, une compatriote en tenue exotique.
On les croirait sortis d'un magazine de mode pour Messieurs. D'ailleurs, c'est leur lecture favorite. On ne plaisante pas, au club sénégalais. Pas de jeans, ni de lambswool, encore moins de Converse. On laisse ça aux blancs. Raffinement des étoffes, recherche des cuirs, distinction de la coupe, suprême touche aristocratique des cravates de chez Cerutti. Une Classe qui fait pâlir d'envie tous les étudiants besogneux de la salle de lecture.
Sont-ils fils de roi du phosphate ou de caïd de l'arachide ? Point du tout. Ils tirent le diable par la queue et ne mangent qu'une fois par jour : c'est qu'ils consacrent presqu'entièrement leur maigre bourse à la quête de leur Saint Graal : le LOOK HYPER CLASSE DU BIZENESSE MAN.
Le club se réunit le jeudi après-midi près de la grande baie vitrée. Il y fait plus chaud. On se passe de main en main le seul exemplaire de Jeune Afrique que reçoit la Bibliothèque. Aujourd'hui les commentaires vont bon train et le club commence à s'exciter. Ca chauffe en Casamance ? La Gambie se rebiffe ? L'armée gronde ? Vous n'y êtes pas... C'est Pierre Cardin qu'on interviouve en page quatre.
Honneur, honneur au Maître des futals HYPER CLASSE !

lundi 14 décembre 2009

6-les piliers de la salle de lecture : Marie-Cécile et son club


Vous ne pouvez échapper au club Fig Mag. Il a pris possession du centre névralgique de la salle de lecture. C'est aussi la meilleure table, la mieux éclairée et les meilleurs sièges, rempaillés de neuf. Les filles ont la panoplie Cyrillus : Kilt ou jupe grise droite, veste de cheval matelassée et réticule en bandoulière. Les garçons, eux, ont le cheveu court, le pull cachemire et la serviette en maroquin. Ils sont ici chez eux. La Bibliothèque est un des sommets du triangle doré : Les deux autres sont le boulevard Sévigné où ils habitent chez Papa Maman et la Faculté de Droit où ils étudient.
Petits bisous, invitations aux rallyes, derniers échos du mariage de Thibaud et Violaine : le club a son activité maximale à 17h30, après les cours.
Marie-Cécile a la vedette aujourd'hui. Le club n'a d'yeux que pour sa bague. Le monde peut s'écrouler, la Bibliothèque peut tomber en poussière, Marie-Cécile est fiancée, qu'on se le dise !

5-les piliers de la salle de lecture : Rose Pivert


Aujourd'hui est un grand jour pour Rose Pivert. Cela faisait bien trois semaines qu'elle butait dans sa recherche généalogique. Son tableau s'arrêtait à 1812. Impossible de remonter au-delà. Et puis il y a eu le déclic. Elle a consulté le Dictionnaire des changements de noms de l'archiviste Jérôme ( 1807 ) et d'un seul coup son tableau d'ascendances s'est débloqué. Quel bonheur !
Rose est si passionnée de généalogie qu'elle vient d'accepter la place redoutée de trésorière-adjointe du Cercle amateur de généalogie. Elle a une spécialité : les registres et archives de cimetières. On la consulte de très loin ! Si vous lui demandez gentiment, elle vous fera votre généalogie jusqu'à la 6ème génération, gratuitement, pour le plaisir. Au-delà, il faudra lui payer l'essence et les frais d'hôtel.
Son chef-d'oeuvre, c'est son arbre à elle. Il remonte jusqu'à 1488. " Il y a tellement de Pivert dans mon arbre que ce n'est plus un arbre mais du gruyère ! " Rose est une généalogiste qui a de l'humour. Ca arrive.

vendredi 11 décembre 2009

4-Les piliers de la salle de lecture : Tugdual de Kerboissec


Le vicomte Tugdual de Kerboissec n'est plus de ce monde. C'est une façon de parler, bien évidemment. Comme vous pouvez le constater, il est d'une belle santé dans son gilet d'armes et ses bottes de chevreau. En vérité, Monsieur le Vicomte a trouvé le secret pour remonter le temps. Chaque lundi, à quinze heures précises, il débarque de ses terres et s'installe pour deux heures près des usuels. Le grand voyage commence. Il ouvre sa bible ; " the antiquities of Heraldy ", London 1869, un in - 8° qu'il est le seul à consulter et il se laisse emporter par les centaines de blasons et d'écus qui tapissent l'ouvrage.
Les femmes l'ont terriblement déçu, les chevaux gardent encore quelqu'attrait mais seule l'héraldique fait naître en lui l'ivresse des grands fonds.Par sa femme il est allié aux Condé " de France, au bâton péri, en bande, de gueules " et sa lignée à lui, remonte au Duc Jean " d'argent,à l'écusson de gueules à l'orle de huit hermines de sinople ". Tout le passé de la chevalerie française défile ainsi, avec ses héros emblasonnés et ses dames de légendes en leurs habits anciens.
Mais Monsieur le Vicomte a une blessure secrète. Ses deux fils se sont mis en GAEC pour exploiter les terres et ont troqué l'écu de leurs ancêtres pour le logo de la Coopagri " d'azur, au Massey Fergusson de gueules posé à dextre ". Une Horreur !

jeudi 10 décembre 2009

3-les piliers de la salle de lecture : Monsieur S.


A l'entrée de la salle, près des quotidiens, nous apercevons Monsieur S. Toujours vêtu de son caban en gros drap bleu qu'il troque contre une saharienne de coutil beige en été, Monsieur S. s'adonne quotidiennement à son sport favori : les mots-croisés. Les règles sont précises et pour rien au monde il n'y dérogerait. Il est toujours le premier à pénétrer dans la salle dès l'ouverture et il fond sur sa proie, le grand quotidien régional, tout frais du matin.
Bas de la page 30, le problème du jour, une grille de 100 cases moins les noires qu'il résout en un petit quart d'heure. Il connaît toutes les astuces, les comparaisons codées, les définitions à double sens, les mêmes depuis vingt ans... Monsieur S. a bien essayé les grilles d'autres quotidiens, pour changer. Un vrai désastre ! Un cafouillage pour chaque mot et un sentiment d'échec déstabilisant. Monsieur S. est vite revenu à sa séance de gymnastique mentale euphorisante : une vraie drogue finalement, et si douce...
C'est réglé comme Saint Benoît. Un quart d'heure, pas plus. Il se lève, salue Monsieur P. qui vient d'arriver et prend sa place, pour résoudre à son tour le même problème.
Ah, j'oubliais ! Monsieur S. a deux outils : Un crayon 2H, bien sec, qui ne marque pas le papier et une grosse gomme rose pour effacer immédiatement sa réussite éphémère.
Bel exemple de solidarité cruciverbiste !

2- Les piliers de la salle de lecture : Marcellin Ladoumègue


Marcellin Ladoumègue a passé sa vie sur les stades : 40 ans à tondre la pelouse et ratisser pistes et sautoirs. Le jour de son départ à la retraite il a retrouvé le vieux missel que sa marraine lui avait offert pour sa communion solennelle. C'était un signe. Marcellin a entendu l'appel de Dieu et consacre désormais sa vie à l'étude des missels. Il prépare activement pour le diocèse un catalogue raisonné des années 1940 - 1950. Le sujet est étonnamment riche et le fonds de la Bibliothèque presque inépuisable.
Marcellin avait des vues sur une certaine Jeanine Grattevache, ancienne championne départementale du triple saut. " Une retraite confortable, une bonne santé : j'aurai mes chances, je me déclarerai " pensait-il en secret.
Mais Dieu a gagné et Marcellin a pris une décision qui l'honore : pour mener à bien cette mission de bibliophilie sacrée, il restera célibataire.

mercredi 9 décembre 2009

1-Les piliers de la salle de lecture : Docteur Chapon-Gaillard


Il n'y a pas grand chose à dire du docteur Chapon-Gaillard. C'est un petit homme discret, octogénaire depuis peu, dont l'apparence n'est pas sans rappeler la tortue des Iles Galapagos. Eté comme hiver il est vêtu de son éternelle veste de gros tweed qui le protège comme un caparaçon. On imagine aisément le corps fluet et blanchâtre qui se cache dessous. Seules émergent les extrémités de deux membres antérieurs et surtout un long cou rétractile à fanons qui supporte avec vaillance une tête exempte de tout poil.
Il arrive selon son humeur, et si son journal n'est pas libre, il prend son tour. Car le docteur Chapon-Gaillard ne vient que pour le FIGARO. Ses outils : un petit calepin banal ( 16 x 9 ), un crayon finement taillé et une grosse loupe qui lui servait jadis à observer les grains de beauté suspects de ses patients.
Une seule chose l'intéresse. Page 21. Le cours des valeurs françaises, que dis-je, le cours de l'unique valeur où il a placé tout son portefeuille : Pernod-Ricard; +1 point aujourd'hui ! Le docteur est satisfait. En fin connaisseur de la réalité française il sait que les grands limonadiers ne font jamais faillite. Quand il pense à son collègue gynécologue qui avait tout misé dans Eurotunnel. Infarctus. Lessivé en 2 jours. Ce n'est pas avec Pernod-Ricard que cela arriverait.
Jetons un petit coup d'oeil sur l'or : 150 de mieux à 5700.
Et bien, docteur, voilà une journée qui s'annonce bien... Vous prendrez bien un petit Ricard.

mardi 8 décembre 2009

La pendule


Le premier personnage de cette petite galerie est sans aucun doute le plus important de tous. Les habitués de la salle de lecture le connaissent bien. C'est la pendule.
C'est une brave machine ronde en tôle emboutie chromée qui trône à quatre mètres de hauteur au-dessus de la porte d'entrée. Ce matin 8 décembre elle indique 11h30. En réalité il n'est que 10h30 car la pendule est restée à l'heure d'été. Observez-la bien. Vous remarquerez vite que les aiguilles ne bougent pas. Ne cherchez pas. La pendule est arrêtée depuis bientôt cinq ans. C'est certainement le lot des pendules administratives perchées à quatre mètres de hauteur...
On l'aime bien, notre pendule, muette et immobile. Elle nous rappelle notre privilège de lecteurs : quand on lit, le temps se fige.
Se fige vraiment ? Profitons bien de ces moments volés au temps car bientôt va retentir l'horrible sonnerie de midi ramenant le peuple élu des lecteurs aux réalités commune de l'humaine condition.

La Bibliothèque

Heffe habite à deux pas de la bibliothèque du quartier. Il l'aime bien, sa bibliothèque. Ses rangées de vieux bouquins, ses revues, ses journaux. Et surtout tous les lecteurs, jeunes et vieux, avec leurs manies et leurs rêves. Heffe les a bien observés : Un véritable bestiaire, comme il dit. Et il vous livre chaque jour le portrait d'un lecteur, son voisin, son frère.

lundi 7 décembre 2009

Sans papier

Heffe a un petit problème d'attention oculaire ( c'est son médecin qui le lui a dit ) mais il est certain de ne pas avoir rêvé ! Après l'Ibis sacré dans le Golfe du Morbihan, c'est l'autruche vulgaire à Cesson ( 35 ). La conférence de Copenhague va certainement aborder le sujet.

Et encore la grippe !

Comme chacun sait, la grippe fait des ravages et le Jardingue n'y échappe pas.






Avec ce dessin se termine le Jardingue de Heffe. Comme il commence à faire froid dans le Jardingue, Heffe a eu envie de se mettre au chaud ; il hiberne mais garde un oeil sur ses contemporains... Demain donc, commence une nouvelle série " d'intérieur ".

jeudi 3 décembre 2009

Aidons nos amies les bêtes !


Voici les premières gelées ! Le temps est venu d'aider nos petits hôtes des jardins à passer l'hiver. Prenons par exemple la vipère des tomates. C'est un petit reptile très attachant mais fragile dès que le thermomètre descend. Comme ce petit reptile n'hiberne pas il faut absolument lui donner un coup de main. La meilleure façon est de l'assommer. Tout simplement. Si les cervicales sont atteintes, l'hibernation sera correcte. Une fois KO, la vipère ressemble à une guimauve molle. Il vous suffit de l'enrouler dans deux feuilles de papier-journal et de placer près de sa tête une petite grenouille confite dans l'alcool de poire. Si elle survit ( la vipère, pas la grenouille ), elle vous en sera éternellement reconnaissante.
Notre deuxième hôte est, comme vous l'avez deviné, le raton laveur. J'appelle raton laveur tout ce qui a quatre pattes et bouge dans le jardin. Comme on le voit, la vipère des tomates n'appartient donc pas à l'espèce des ratons laveurs. Par contre, le hérisson, le chat sauvage, la belette et le petit lapin, le rat des potagers et l'escalope des marais sont tous des ratons laveurs. En hiver, le principal danger auquel s'exposent ces adorables petits rongeurs est la mammite des frimas ( appelée aussi chauds tétons du potager par la tradition orale ). Contrairement à toute logique naturaliste, cette affection atteint mâles et femelles. Si vous voulez avoir un raton laveur sain et appétissant au début du printemps, vous vous devez de protéger vos petits bichons. Une vieille machine à laver de la marque Bendix fera parfaitement l'affaire. Il vous suffit de débrancher l'appareil, de l'installer près du fumier mais sans la vidanger. Ceci est très important. Quelques doses de poudre à laver non toxique pour les RL et le tour est joué. N'oubliez pas de laisser le hublot ouvert. Vous verrez, le RL ne peut y résister. Dans ce milieu accueillant, le RL ne craint ni la mammite des frimas, ni le courglou siffleur, son traditionnel prédateur pendant la saison hivernale.
Et bien, pour finir, évoquons justement ce courglou siffleur. Il émet un cri aigu qui paralyse le raton et fait tourner la crème anglaise. Mais il est protégé par le Ministre de la Culture et vous devez l'aider, lui aussi, à passer l'hiver de la façon la plus paisible qui soit. C'est simple. Il suffit de lui couper le sifflet d'un coup de binette. Le courglou s'endort alors comme une masse. Au début du printemps n'oubliez pas de réintroduire le sifflet dans son gosier ; opération pénible pour le volatile mais dans ses petits yeux jaunes vous lirez le mot "merci". Que ne ferait-on pas pour ces charmantes bestioles de nos jardins !

une vie de cornichon





Comme chacun sait, le cornichon est un fruit mal dans sa peau. On peut le comprendre. Vous avez vu sa peau ? A mi-chemin entre l'acnée juvenile et la chair de poule. Verte de surcroît. Triste vie pour ce rampant des potagers voué à la mélancolie et à la fréquentation des lombrics. Le plaisir sexuel lui est même refusé puisque ce sont les abeilles qui le fertilisent en le lutinant. Comme le potimarron, il connaît l'angoisse de la mort, ce en quoi il a tort, car le cornichon se réincarne alors en condiment et en compagnie de nombreux congénères il connaît enfin les plaisirs de la natation et de l'alcool.

mardi 1 décembre 2009

Lila abat ses cartes

Et surtout n'oubliez pas de cliquer gauche sur l'image pour retrouver le dessin original !

la poule et le haricot vert



Il faut choisir


Comparons, si vous le voulez bien, une poule et un pied de haricot vert. Quelle idée farfelue, me direz-vous ! Peut-être... Mais poursuivons. La poule, comme chacun sait, incarne la joie de vivre : Vive, enjouée, à l'affût du moindre grain qui traîne ou du plus petit vermisseau qui se trémousse. Espiègle et gracieuse, c'est une vraie ballerine dans son tutu de plumes blanches qu'elle présente au firmament. Qui n'a pas rêvé de s'offrir cette petite danseuse qui ne coûte rien et nous offre chaque jour un oeuf...
A l'inverse, le plan de haricot est d'une banalité mortelle. Tout est vert chez lui; il se fout complètement de ce qui l'entoure, et surtout, à la différence de la poule, il n'a pas l'esprit d'aventure. Son fruit comestible, le haricot des boîtes, se confond avec les branches et sa cueillette est un vrai supplice pour le jardinier presbyte.
Notre petite poule sort donc nettement gagnante de cette confrontation. Sauf que le haricot a un net avantage sur sa concurrente. En effet, je pèse mes mots, mais c'est l'évidence même : A la différence de la poule, le haricot vert ne pète pas. Ce n'est pas une grande découverte scientifique, me direz vous, mais c'est un fait. La poule, comme sa cousine la ballerine, a un pet discret. Mais dans les deux cas, leur pet a un effet dévastateur sur l'écosystème. Mon cousin Michel, qui est le spécialiste de la poule au journal de France 3, m'a confirmé qu'une poule adulte et bien charpentée pétait environ nonante fois par jour. Elle émet donc, selon ses calculs, une livre de méthane tiède par jour, ce qui contribue malheureusement au fâcheux effet de serre. C'est pourquoi, en jardinier amateur responsable, je laisse tomber la reine de la basse-cour et choisis le discret haricot vert. La Reine Victoria et Georges Clémenceau lui-même, célèbres jardiniers amateurs, avaient déjà fait le même choix : C'est dire !

lundi 30 novembre 2009

Comment peut-on être radis ?


Le radis rouge n'est pas bavard, loin s'en faut. C'est un solitaire qui aime par-dessus tout sa tranquillité. Grossir gentiment à l'abri des regards, sans se soucier des autres : voilà son idéal de vie. L'image, bien peu héroïque, qu'il nous donne est celle d'une petite racine auto-satisfaite, sans envergure, ignorant tout de la grande histoire du peuple radis rouge. Jusqu'au jour où un radis noir s'aventure aux frontières. Un radis, ce bâtard inculte, à la peau aussi noire que ses intentions ? Quelle prétention !... Fierté retrouvée d'être radis rouge. Mais au mépris s'ajoute la peur car il est diablement gros, ce radis noir ! La nation est en danger ! Vite on se choisit un chef, on lève une armée, on est prêt à en découdre... Et tout ce petit peuple, brossé, lavé, salé - rouges et noirs confondus - se retrouve bientôt au fond d'une assiette, prêt à être croqué.

mercredi 25 novembre 2009

L'art de la tonte ( 2 )


Que faire ? En fait, pour réussir un beau gazon, bien ras comme des poils de brosse, toutes les stratégies sont bonnes et les gazonniers ont mis au point des techniques pour mettre au pas les brins d'herbe - mâles et femelles confondus.
Je ne parlerai ici que de l'art de la tonte en Arménie. L'Arménie n'a pas de rivage maritime. Elle ne possède aucune piscine et toutes les rivières sont à sec. Et pourtant elles a les plus beaux greens du monde. Pourquoi ? La réponse est étonnante et pourtant assez logique comme vous allez le constater. Comme chacun sait, le sport national de l'Arménie est l'apnée. l'Arménien est gros fumeur et pourtant il a du coffre. Mais le plaisir de l'apnée est dans l'eau, un vrai et gros volume d'eau ! Allez donc pratiquer l'apnée sous un robinet, surtout quand il n'y a pas de lavabo en dessous ! Les Arméniens ont donc inventé un sport qui s'appelle, en Arménien : " Tonte du gazon en apnée ". Les règles sont simples : Il s'agit de tondre le maximum d'herbe sans reprendre sa respiration. Il y a un championnat masculin et un championnat féminin. Les travailleurs turcs immigrés ont un championnat à part. C'est un sport sain, sans pratiques déviantes, et il y a peu d'accident. Les Arméniens en sont très fiers mais ils ont du mal à exporter leur sport. Pourtant le résultat est là. Leur gazon est une pure merveille. Quel est le rapport avec l'apnée me direz vous ? Et bien, pour tout dire, je n'en sais rien et le mystère restera entier tant que l'Arménie n'aura pas récupéré le Mont Ararat.

mardi 24 novembre 2009

L'art de la tonte ( 1 )

Contrairement à ce que l'on admet généralement, le gazon n'aime pas être tondu. Sauf, bien sûr,le gazon des casernes, espèce rare et mal vue dans le règne végétal. Donc, le gazon normal n'aime pas ça. On peut le comprendre. Ce n'est pas tant la souffrance que la honte. Passe encore la douleur cuisante de la lame ; après tout, le bon air de nos région tempérées cicatrise bientôt tout ça. Mais c'est le ridicule de la situation que le champion des greens ne peut supporter. Mettez vous à sa place ! Le gazon mâle est fier de sa pointe, qu'il exhibe devant toutes les femelles du canton. Et voilà qu'un individu, généralement un dimanche matin, vous la tranche net, sans vous prévenir et - pire - sans s'excuser. Les femelles gazon, elles, sont plus fines. A l'approche de la lame, elles courbent la pointe, qu'elles ont plus ronde, et évitent ainsi la décapitation. Elles sauvent leur tête, si on peut dire, mais elles n'apprécient pas beaucoup, vous vous en doutez bien. Elles font donc de la résistance et sont le désespoir des tondeurs du dimanche matin. Dés qu'ils ont le dos tourné et que la tondeuse est rangée, elles relèvent la tête pour se moquer du jardinier et aussi, il faut bien le dire, du gazon mâle présomptueux. Elles transforment ainsi votre gazon en vieux tapis de bain rapé et ébouriffé.

A suivre

N'oublions pas l'actu !

Et toi, Marcel, tu es pour l'entrée de Camus au Panthéon ?

samedi 21 novembre 2009

Quelques problèmes mathématiques ( 2 )


  1. Calculez la vitesse de rotation d'une citrouille à la Motte Chalancon ( Drôme ) le lundi de Pâques.
  2. Un arrosoir est aux 2/3 vide. Sa contenance est de 5 l. Combien de temps Papy mettra-t-il pour le remplir à ras bord sachant que la pression de l'eau de la ville au robinet est inférieure à O,5 bar et que Papy a de sérieux problèmes de prostate.
  3. Papy est dans le carré de haricots verts. Il voit Mamie ( qui taille ses rosiers ) sous un angle de 60°. En s'éloignant vers le carré de salades, Papy voit désormais Mamie sous un angle de 30°. A quel endroit du potager Papy devra-t-il aller pour que Mamie disparaisse enfin de sa vie.

vendredi 20 novembre 2009

quelques problèmes de jardinage




  1. Tante Jeanne a une masse K. Tonton Lucien a une masse 1/2 K. Sachant que Tonto Lucien est un adepte du régime semi-crétois depuis 6 mois, calculez la date du divorce.
  2. Soit deux poireaux nés de deux pères différents. Calculez la probabilité qu'ils aient la même mère en décembre 2009.
  3. Une citrouille adulte a 3 mois; sa fille a 3 semaines. Dans combien de temps l'âge de la mère sera-t-il le double de l'âge de son enfant sachant qu'Halloween a lieu début novembre.
  4. Oncle Lucien part à l'allure de 5 km/h d'un point A de sa pelouse et se dirige vers un point B de la même pelouse en compagnie de sa tondeuse. En cours de route il s'arrête 1/4 d'heure. Puis il reste une heure en B et repart à l'allure de 2 km/h vers le point A. Il est de retour en A 6 heures 37 minutes après en être parti. On demande la distance entre le point A et le café des sports.

jeudi 19 novembre 2009

Devinettes




Madame Nini se pose quelques questions à propos du Jardingue. Pouvez-vous l'aider ?

  1. La surface d'un chou de Bruxelles déplié et mis à plat est égale à la surface du formulaire 2035 de la déclaration des impôts. Vrai ou faux ?
  2. Pourquoi Papy Max ne supporte-t-il pas les bouffées de chaleur de son rosier grimpant ?
  3. Entre la tomate A et la tomate B il y a une distance d. Combien de temps une tomate C mettra-t-elle pour joindre les deux bouts ?
  4. Papa sème et Maman pond. Qui en aura marre le premier ?
  5. Extraire la racine d'un carré d'endives.

mardi 17 novembre 2009

Le Concombre



Le concombre meurt mais ne se rend pas.





Le concombre est une fashion victim


jeudi 12 novembre 2009

Le concombre ( 2 )

Dans le fond du jardingue, le concombre est chez lui. Mais laissons plutôt la parole à Heffe qui connaît bien l'animal.

Le concombre

Contrairement à ce qui est généralement admis, le concombre n'est pas masqué. Bien au contraire ! Il n'y a pas plus franc et candide qu'un concombre. Du moins je parle ici du concombre de nos contrées, plus connu sous le nom de concombre de Moscou. Le concombre de Sumatra, appelé parfois hélicoïdal, est beaucoup moins connu et les ménagères ont bien raison de prendre leurs distances par rapport à un animal pareil. Donc, le concombre de Moscou, appelé aussi concombre de Moscou en polonais et en catalan, connaît une vie sociale riche et élaborée. Jamais vous ne verrez un concombre solitaire. Il vit exclusivement en colonies de plusieurs centaines d'individus. Mais ne vous méprenez pas. Son attirance pour la vie en société n'exclut pas un fort sentiment de sa personne et un Ego bien affirmé. L'Ego du concombre, c'est quelque chose ! Il faut l'avoir vécu pour le croire... Mais là n'est pas la question. La cohabitation entre les humains et les concombres se passe généralement bien sauf pendant sa sieste, au cours de laquelle le concombre migre. Pas bien loin. Mais il migre suffisamment pour gêner son entourage. Car si le concombre a de grandes qualités, il est aussi fort bruyant quand il se déplace. Et surtout - si j'ai un conseil à donner - il ne faut pas attaquer un concombre qui se meut.
Ami jardinier, pour la cueillette de votre cucurbitacée favori, choisissez le moment de la copulation. La copulation du concombre est brève, très brève même, mais d'une intensité rarement atteinte dans le règne végétal. Il s'agit pour vous d'être attentif et demande de votre part de l'adresse, voire même une certaine brutalité. L'attente peut être longue. Ne ratez pas les signes avant-coureurs de l'accouplement : frémissements, allant parfois même jusqu'à un phénomène ondulatoire du concombre. De petites fleurs jaunes apparaissent sur le pistil. Tenez vous prêt. N'essayez pas de choisir un mâle ou une femelle. Le concombre, comme l'escargot, est bissexuel et d'ailleurs, comme son congénère, ils ont toujours le même goût. Allez-y. Tranchez le pistil avec votre serpette et surtout ne vous laissez pas attendrir par ses gémissements. Le concombre sexuellement mature a plus d'un tour dans son sac. Mettez le dans un cageot avec les autres et précipitez vous au petit marché du coin. Vendez-le. Le plus vite, même à perte. Débarrassez-vous de lui. Les ménagères s'en débrouilleront. La vengeance du concombre est terrible.

mardi 10 novembre 2009

Le poireau










Le poireau



Il existe deux sortes de poireaux. Le poireau vert et le poireau rouge.Contrairement à ce que l'on peut croire, le poireau vert est nettement plus répandu que le poireau rouge. Et pourtant le poireau rouge jouit d'une excellente réputation chez la ménagère occidentale.Pourquoi, dans ce cas, ne le voit-on pas sur les étals des maraîchers ? La réponse est simple; Le poireau rouge est très timide et surtout il a horreur d'être tripoté. Donc il se cache et vous risquez de passer une vie de ménagère sans en voir un seul.
Mais faites une expérience. Demandez des poireaux rouges à votre maraîcher. Si c'est un bon professionnel il va dire : " Mais où est-il donc passé celui-là ? Nénette, c'est toi qui as rangé les poireaux rouges ? " etc. Vous pouvez être certaine qu'il ne trouvera pas les poireaux rouges. Honnêtement, je pense que ce maraîcher est de bonne foi, mais il connaît son lascar. Peut-être le retrouvera-t-il à midi quand il remballera. C'est quand même, me direz-vous, assez incompréhensible. Un étal de maraîcher, ce n'est pas les Champ Elysées ! Où a bien pu disparaître cette satanée botte de poireaux rouges ? Evidemment il y a un truc. Ce n'est pas de la magie. C'est un miracle de la nature, comme il y en a tant. J'ai découvert récemment que le poireau rouge est en réalité un caméléon, un diable de caméléon. En un mot il prend la couleur du légume le plus proche. Et la forme ? me direz-vous... Notre poireau rouge placé près d'une petite courgette lui emprunte immédiatement son bel habit vert... Mais il garde sa forme de poireau et il est démasqué sans coup férir.
Alors il faut imaginer que le poireau rouge est doté d'une sacrée intelligence. Après quelques expériences désastreuses au milieu des betteraves et des petits pois, il a trouvé la parade. Il se faufile discrètement et rejoint les bottes de poireaux verts. En une seconde il quitte sa robe rouge et prend la livrée verte de son cousin. Ni vu, ni connu. Le poireau rouge est devenu vert. Même couleur, même odeur, même goût. Mais dans son for intérieur il reste rouge.
En conclusion, au moment de faire la toilette intime de vos poireaux, dites-vous bien qu'il se cache sûrement un ou deux poireaux rouges dans le tas. Mais ils sont bien trop orgueilleux pour se dévoiler, même avant de passer de vie à trépas. Et de toute façon votre mari n'en saura rien.

Anniversaire de la chute du Mur


Nous sommes tous des Berlinois...

jeudi 5 novembre 2009

Cette racine méconnue, la carotte



Encore un petit dessin sur cette racine et on passe à autre chose. Le Jardingue finira par nous rendre tous fous mais avant d'en arriver à cette dernière extrémité, on va essayer de passer en revue quelques beaux spécimens qui poussent à l'ombre de la bêche de Gégé.
Demain donc, le poireau entre en scène.

mercredi 4 novembre 2009

Cette racine méconnue, la carotte ( 2 )

Un petit texte que HEFFE nous a confié qui a pour sujet la carotte mais où il est aussi question de rhubarbe et de Freud...




la carotte



Je ne parlerai pas ici de la carotte, dont il n'y a pas grand chose à dire finalement. Je parlerai plutôt de la carotte, si simple en apparence et pourtant si méconnue. Si on veut tenir un propos cohérent ( et intéressant pour le lecteur ) sur cette racine familière, il faut tout d'abord la différencier de la rhubarbe. Comme son nom l'indique, la rhubarbe - tout comme la carotte d'ailleurs ( et c'est là la difficulté ) est d'origine anglaise et plus exactement de la région de Waterloo. Si vous observez le mot rhubarbe, vous voyez immédiatement que c'est un mot anglais : Le "h" ne sert strictement à rien sauf à montrer que le mot ( et donc la plante ) n'a rien à voir avec la rubarbe, qui, elle, est bien française et s'écrit comme rumatisme ou rume. La variété de rhubarbe la plus appréciée des consommateurs d'Outre-Manche est la " Reine Victoria ". Courte sur pattes mais charnue, la tige modeste mais la gorge généreuse, elle est assez proche du navet de Coventry qui faillit disparaître lors du bombardement de 1940 et depuis ne se consomme plus sous forme de confiture. La " Reine Victoria ", elle, se cueille tôt le matin, ce qui - soit dit en passant - est la règle pour tous les tubercules anglo-saxons. Elle se consomme assez rapidement, après en avoir ôté les feuilles et les tiges indigestes. La tarte à la rhubarbe est le grand classique de la cuisine britannique. Elle ne doit pas être confondue avec la tarte à la rhubarbe ( sans "h" ) qui fait l'honneur des tables normandes mais dont la réputation est surfaite.
Comment en est-on arrivé là? C'est simple. Avant d'arriver à l'état si sympathique de compote, la rubarbe anglaise doit être semée en octobre ou au 15 août, selon la date prévue de la récolte. Dans les faits, il n'est pas besoin de la semer car, depuis la nuit des temps, le pied de rhubarbe ( avec un "h" ) se transmet de père en fils dans tout jardin anglais.
Mais revenons plutôt à la carotte. Comme toutes les racines elle se caractérise par son esprit de résistance farouche. N'attendez pas de la carotte qu'elle collabore au moment de l'arrachage : Elle résiste, se rompt mais ne plie pas. C'est la raison pour laquelle on l'a souvent comparée au Général de Gaulle qui en a fait un grande consommation lors de sa traversée du désert à Colombey. Comme leur illustre prédécesseur les anorexiques du monde entier en raffolent. Le Mahatmah Gandhi et le célèbre docteur Schweitzer ( celui de Lambaréné, pas l'autre ) ont même instauré une journée mondiale de la carotte qui n'a malheureusement pas eu le succès auquel on aurait pu légitimement s'attendre.
Terminons par l'aspect symbolique de ce fruit, aspect souvent négligé dans les revues agronomiques.Dans son fameux traité sur l'hystérie, Freud en parle en des termes si élogieux qu'il en a fait rougir plus d'une... Mais comme chacun sait, le bon docteur n'avait pas sa langue dans sa poche quand il s'agissait de disséquer les phantasmes des anorexiques viennois de la belle Epoque.
Quant au lien entre la consommation régulière de carottes des sables bio et le cancer de la prostate, il n'est scientifiquement établi que dans un seul pays : La Biélorussie du sud, allez savoir pourquoi.

dimanche 1 novembre 2009

Lila, mon amoureuse

LILA

Le jour de la semaine que je préfère, c'est le mercredi parce que Lila vient passer l'après-midi chez sa tante. Lila, c'est mon amoureuse mais on n'est pas à la même école. Comme il y a un trou dans le grillage, c'est super pratique pour se voir. Lila adore les jonquilles, surtout les jaunes, et plus tard, dans notre maison, je planterai des jonquilles partout, même dans le jardin. Lila a beaucoup de qualités et pratiquement aucun défaut. C'est la femme idéale : Elle a même des tâches rousseur. Pour Noël, elle va avoir un triporteur rouge ( c'est sûr ) et comme ça on pourra se balader en amoureux dans l'allée.

Madame Nini, tradeuse à la Banque Postale



MADAME NINI



Madame Nini, c'est notre voisine de droite. " Une véritable jungle, son jardin ! " dit Papy Max en essayant d'arrêter les liserons qui arrivent de chez elle. D'après Papa, elle est un peu timbrée " Vierge ascendant Scorpion, normal qu'elle reste célibataire ! ". Mais elle a un don qui intéresse les femmes : Elle prédit l'avenir ( normal, elle est tradeuse à la Poste et gitane de naissance ); Les femmes du quartier viennent la voir et Maman, qui est une femme, discute souvent en secret avec elle par dessus le grillage. C'est la tante de Lila, heureusement. Et elle nous fait de super bonnes crêpes le mercredi pour le quatre heures. Maman m'a dit que son vrai nom c'est Eugénie. Mais je préfère Nini ; ça lui va mieux car elle adore les oiseaux, sauf les chauves-souris qui le lui rendent bien.

mercredi 28 octobre 2009

Ginette, tondeuse caractérielle


GINETTE


Ginette, c'est la tondeuse de Charles-Edouard. Ils sont inséparables. Elle est rouge et noire et devant on dirait qu'elle a les dents en colère. C'est un "sacré numéro" comme dit Papy Max. Quand elle a décidé de s'arrêter, elle s'arrête. Impossible de la faire repartir. Un jour, elle a même failli couper la main de Charles-Edouard. Il ne lui en veut pas. Et d'ailleurs il a trop besoin d'elle. Elle a une pièce rien que pour elle au rez- de- chaussée. Comme dit Papa, "c'est le seul élément féminin de la maison". Elle perd un peu d'huile.

Charles-Edouard, architecte de pelouse

CHARLES - EDOUARD

Charles-Edouard, c'est notre voisin de gauche, quand on regarde vers l'allée des acacias. Il est toujours habillé en blanc et il a des rides qui sortent du cou. Il a horreur des fleurs et des légumes et sa pelouse est super bien tondue. Sa maison est bizarre et elle n'a pas de toit. Il est plutôt vieux et sa copine s'appelle Ginette.

mardi 27 octobre 2009

Patate, chien saucisse

PATATE



Patate, c'est mon chien. On dirait une courgette habillée en dalmatien, comme dit Papa en rigolant. C'est moi qui lui donne le dimanche ses croquettes bio aux 3 fromages. Il adore. Il a une ennemie intime : Ginette, la tondeuse de notre voisin de gauche. Il aboie dès qu'elle se met en marche et il aboie aussi quand Papa chante en cueillant ses haricots verts. Patate fait toujours ses besoins au même endroit, sur les framboisiers. Quand je fais du vélo dans l'allée du jardin, il fait la course. Il gagne toujours.



lundi 26 octobre 2009

Papy max, consultant en patates

Et la présentation de la petite bande du JARDINGUE continue. Mais laissons la parole à Poulou...

PAPY MAX

Papy Max, c'est le Papa de Papa. Il est végétarien et il a été malheureux pendant toute sa vie parce qu'il travaillait dans une usine de saucissons. Maintenant il est à la retraite et il vient tous les matins s'occuper des légumes du jardin. Il a sa clé : comme ça il ne gêne personne et surveille aussi la maison. Il a toujours une bouteille de bouillie bordelaise à la main. "C'est pour ça qu'il a le nez rouge" dit Papa en rigolant. Mais Papa aime bien Papy son Papa. Papy Max est toujours très gai et il va mourir bientôt, "mais le plus tard possible" comme il dit.




















Dilou la main verte

DILOU

Dilou,c'est Maman. C'est Papa qui l'appelle comme ça. En vrai, elle s'appelle Odile. Elle est amoureuse de Papa. C'est pour ça qu'ils restent ensemble. Son jardin privé c'est à gauche de l'allée centrale. Maman adore les fleurs et arrache tout le reste. Maman passe beaucoup de temps à parler avec le voisin de gauche Charles-Edouard par dessus la clôture en bois. Elle le trouve très intéressant. Elle fait de bonnes confitures avec les mûres du fond. Je l'aime beaucoup.



dimanche 25 octobre 2009

Le Jardingue démarre !

HEFFE n'est pas trop organisé et son blog risque de devenir un sacré bazar !
Pêle-mêle : Des dessins d'humour, des histoires, des strips, des petites BD sur tous les sujets. Il y aura aussi des dessins d'actualité mais ce ne sera pas la priorité car elle a un gros défaut, l'actualité : Elle change tous les jours et HEFFE préfères les sujets stables, éternels compagnons de l'histoire des hommes comme le jardinage, les dinosaures et la bicyclette.
Comme il ne connaît rien au jardinage mais qu'il adore par-dessus tout les marronniers, HEFFE a intitulé ses premières balivernes :





Si vous voulez voir les dessins avec une définition extra, clic gauche dessus tout simplement. Mais vous savez tous ça, bien sûr !!



L'action ( si on peut dire... ) se passe tout près de chez vous, c'est-à-dire nulle part.








Au premier plan, l'allée des acacias. Pas l'ombre d'un acacia bien sûr, mais des crottes partout : On est en France.
Derrière le mur, le théâtre de l'action. Au centre, la maison et le jardin de Poulou, le héros de cette histoire, qui va vous raconter tout cela. A gauche, le fouillis de verdure de Madame Nini et à droite, Wimbledon et son green impeccable où sévit Ginette drivée par Charles-Edouard...

Mais laissons plutôt Poulou se présenter et présenter le petit peuple des jardiniers amateurs du JARDINGUE.







POULOU

Tout le monde m'appelle Poulou mais mon vrai nom c'est Jean-Paul. Quand je serai grand on ne m'appellera plus que Jean-Paul et on me fera une opération pour remettre mes yeux en place. Papa dit que je suis un cas parce que je scrute toujours tout. Avec mes yeux de travers c'est super pratique. Les gens croient que je ne les regarde pas mais je les scrute et je note tout en majuscules dans mon carnet secret. Plus tard je serai coureur cycliste comme Jeannie Longo et j'aurai un jardin tout en bio, même les épinards et les salsifis.



GEGE



Gégé, c'est Papa. Tout le monde l'appelle Gégé, sauf moi et Charles-Edouard, le voisin de gauche qui aime bien garder ses distances. Comme Papa travaille aux Impôts, il va tous les jours sur e-Bay et il achète ses graines aux enchères dans l'ordi. C'est pour cela qu'il est souvent en colère car les graines ne veulent pas sortir, surtout quand elles viennent de loin. Papa a les cheveux en forme de baguette et des lunettes rétro. Il est très beau et très intelligent. Il sait très bien cultiver les fraises et les framboises. Je l'aime beaucoup.

vendredi 16 octobre 2009


HEFFE, dans la vraie vie, a les cheveux frisés, un petit nez, les oreilles XXL, des lunettes carrées, et surtout il a horreur de s'asseoir sur les chiens. Mais à part ces détails, tout, dans ce dessin est exact. Son bronzage post-moderne témoigne d'une pratique immodérée du vélo en Bretagne. Mais par-dessus tout, HEFFE dessine en apnée. Cette technique particulière se transmet dans la famille depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale et HEFFE la pratique quotidiennement, les jours ouvrables. Le dessin en apnée garantit une grande concentration des effets humoristiques et use prématurément les poumons.

Longue vie à HEFFE et bonne visite de son blog !