lundi 31 décembre 2018
vendredi 16 novembre 2018
vendredi 9 novembre 2018
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Petit
journal de bord d'un séjour à San Francisco, à la découverte
d'une ville mythique et aussi à la recherche des fantômes de la
Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful
Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr.
Thursday,
September 13th
Le
BART est un genre de RER qui dessert toute la baie de San Francisco.
Aujourd'hui, pour aller à Berkeley, on plonge avec le BART sous
l'eau pendant une vingtaine de minutes. Les wagons sont vieillots et
on est sérieusement remués. Les habitués continuent de lire leur
journal sous la lumière blafarde et avec cinquante mètres d'eau du
Pacifique au-dessus des têtes, quand même… Autant dire qu'on est
contents de retrouver la lumière du jour du côté de West-Oakland
et enfin Berkeley !
Dès
la porte de la station franchie, on est dans le bain. Un petit robot
sur roues nous accueille puis il prend de la vitesse comme pour nous
dire « Suivez-moi ! ». Il file son petit train de
sénateur ( la vitesse d'un marcheur ) sur les trottoirs. Apparemment
les piétons sont habitués et ils s'écartent. Nous rencontrons
d'autres robots du même type qui partent dans d'autres directions.
Notre petit robot respecte le code de la route et traverse au
bonhomme vert, comme les enfants ! C'est un « Kiwi »,
entièrement autonome, qui va chercher les plats dans les restaurants
et les livre aux clients, chez eux. Les livreurs de pizza à
bicyclette ont du souci à se faire…
Berkeley,
la plus grande université publique des USA : 750 ha, 36000
étudiants et une vingtaine de prix Nobel parmi les profs. Une
véritale fourmillière à la reprise des cours de 14h. Tout est ici
ouvert. On entre dans un bâtiment. On pousse une porte. Un labo de
chimie apparemment avec ses paillasses. « Bonjour. Comment
allez vous ? Besoin de quelque chose ? Vous voulez voir ce
qu'on fait ? » Inimaginable en France. Bibliothèques
ouvertes, même la nuit.
Des
affiches annoncent un meeting du nouveau parti communiste américain.
D'autres proposent des stages de combat de rue éco-responsables
(sic)… Sur un poster, Hillary sur son âne démocrate est
poursuivie par un éléphant Trumpien hilare. Sur une affichette, une
musulmane revendique le droit de porter un voile...transparent !
Comme
si l'esprit contestataire des sixties était encore vivant dans ce
lieu qui l'avait vu naître.
mercredi 7 novembre 2018
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Petit
journal de bord d'un séjour à San Francisco, à la découverte
d'une ville mythique et aussi à la recherche des fantômes de la
Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful
Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr
Wednesday,
September 12th
Quand
on débarque du tram, on sait tout de suite qu'on est à Castro, le
quartier Gay: la couleur arc-en-ciel est omniprésente. Drapeaux,
voitures, vêtements, même les passages pour piétons…
Dans
une large rue inondée de la lumière du matin et bordée de maisons
néo-victoriennes aux bougainvilliers flamboyants, on découvre la
célèbre « Maison bleue » chantée par Maxime Le
Forestier à la fin des années soixante. Une plaque discrète,
cadeau de l'Alliance Française, rappelle l'histoire du lieu. Juste
en face, un coffee shop nous propose des « kouign amann baton
(sic) ». Nous faisons le test. Les kouign de Frisco sont dans
la pure tradition de Douarnenez. Miracle de la mondialisation…
Retour
vers le Golden Gate Park en passant devant quelques maisons de stars
de la planète Pop des Sixties. On a entendu parler de l'Arbre de
Janis Joplin et on veut le trouver. On n'en sait pas plus. La
chanteuse a-t-elle chanté sous ses branches ou l'arbre a-t-il été
planté en hommage après sa mort ? Seule indication, il se
trouverait sur Hippie Hill près de l'entrée-est du parc. On
rencontre un garçon en train de caresser le tronc poilu d'un
palmier. Il a le look californien de 2018 : petites lunettes
rondes, queue de cheval, barbe blonde naissante, chemisette, bermuda
et New Balance aux pieds.
« We're
looking for Janis Joplin's tree. Is that the one ?
On
cherche l'arbre de Janis Joplin. Est-ce que c'est celui-là ?
-Je
ne sais pas… mais j'aime cet arbre. Il a de longs poils blonds
comme moi. C'est mon frère… » Et il me tend son joint avec
un large sourire.
« On
est en Californie ici. On partage tout. Même le meilleur. »
C'est
finalement un jardinier qui nous indique l'emplacement du fameux
arbre.
C'est
une sorte de parasol végétal au bord d'un chemin qui fait le tour
de la vaste prairie où avait lieu le concert de dimanche dernier.
Une jeune guitariste, appuyée sur le tronc noueux essaie de placer
les premiers accords de « Nobody knows you when you're down and
out » standard du blues chanté par Bessie Smith dans les
années 20.
Nous
descendons le parc sur plusieurs kilomètres jusqu'à l'océan et
l'immense plage sauvage et absolument déserte. Sur une des
dernières maisons du boulevard nous trouvons le premier tag de San
Francisco. Enfin ! Certainement l'oeuvre d'un Rennais en
manque...
lundi 5 novembre 2018
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Petit
journal de bord d'un séjour à San Francisco, à la découverte
d'une ville mythique et aussi à la recherche des fantômes de la
Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful
Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr.
Tuesday,September11th
Les
bus, à San Francisco, c'est le pied. Ils nous trimballent et nous
brinquebalent dans tous les coins de la ville et des alentours. Les
chauffeurs ont des gants de chantiers oranges, les amortisseurs sont
morts et pour demander un arrêt, on tire sur un cordon jaune qui
fait le tour du bus au-dessus des vitres. Les cyclistes qui prennent
le bus mettent leur bicyclette sur un porte-vélo installé à
l'avant du bus et à l'extérieur ! L'installation doit être
rapide car le bus ne s'arrête pas longtemps !
Ce
matin c'est le 28 qui nous mène au Golden Gate Bridge. Temps de
carte postale, affluence touristique maximale. Un Tour-bus débarque
ses 50 voyageurs arrivés du matin de Nogent le Rotrou via Roissy. Le
vacarme des voitures sur le tablier métallique du pont est
assourdissant. On marche 200m et on fait demi-tour. Groggy.
A
l'entrée du pont le drapeau américain flotte dans le vent. A
mi-mât. Tous les drapeaux de la ville sont en berne aujourd'hui.
Nous sommes le 11 Septembre, 17 ans après les attentats contre le
World Trade Center.
Au
sud du pont s'étend un vaste parc, le Presidio, Tout en haut des
falaises qui surplombent l'Océan Pacifique, le chemin de randonnée
passe devant une série de bunkers ( « the batteries »)
construits dans l'entre-deux-guerres et armés de gros canons de
marine. Ils protégeaient la ville contre d'éventuels envahisseurs
venus de l'Ouest. Après Pearl Harbor (décembre 1941) et
l'entrée en guerre des Etats-Unis,
des centaines d'artilleurs ont attendu ici l'assaut des Japonais. En
vain. La version américaine du « Désert
des Tartares » en quelque sorte.
Le
Presidio est moins connu que le Golden Gate Park. C'est un parc
naturel, sauvage par endroits et on y rencontre des coyotes en
vadrouille. Aujourd'hui on y rencontre une fille à vélo. Elle
cherche son chemin, comme nous. Elle monte toutes les côtes à pieds
car elle a peur de dérailler. Elle mange gras pour se donner des
forces ( c'est facile à San Francisco…). Elle est française,
comme nous et a fait le chemin de Saint-Jacques, comme nous. Elle
a rencontré Brigitte, la gentille illuminée de Decazeville, comme
nous, mais elle arrive de Tahiti
et pas nous… Ah si, j'oubliais… Elle est bretonne, comme nous,
mais de Brest-même, et pas nous.
dimanche 28 octobre 2018
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Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful
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Monday,
September 10th
Pour
aller à Monterey, c'est simple. Plein sud, l'océan Pacifique à
droite, le Continent à gauche. Highway 1 jusqu'à L.A. si on veut !
On
a pris un bus touristique, histoire de jouer les veaux. Effectivement
on est des veaux aujourd'hui. On somnole dans le bus. Les falaises
vertigineuses défilent sur fond musical de supermarché. On descend
du bus au bout d'une heure : arrêt programmé pour aller
acheter une barquette de fraises sur un parking. Et on remonte.
Champs de fraises à perte de vue sur des dizaines de kilomètres et
nuées d'ouvriers agricoles mexicains à la cueillette. Pas une seule
touffe de mauvaise herbe à l'horizon. Monsanto règne en maître
ici. Fruits splendides, photogéniques mais absolument sans aucun
goût. La malbouffe américaine à l'état pur. Et on descend
toujours.
Arrêt
à la cafetaria du Golf de Pebble Beach. La journée de golf est ici
à 470 dollars, nous précise le chauffeur du bus. C'est ici, sur le
parking, sortant de l'arrière d'une luxueuse Ford Mustang que nous
voyons les deux premières femmes voilées de notre séjour. Riches
saoudiennes certainement. Les maris partent pour le green en
voiturette. Les deux femmes, dont on ne voit que les yeux, se
prennent en photo au volant d'une autre voiturette aux armes du Golf
( since 1887 ). Elles rigolent. Elles ont un volant entre les mains.
C'est 1 dollar la photo. La voiturette ne bouge pas. Elle n'a pas de
moteur.
Monterey
: Petite ville balnéaire où personne ne se baigne. Un aquarium
géant, une rue de boutiques de fringues et de mauvais restaurants.
Mais Monterey, premier festival pop de l'Histoire il y a tout juste
50 ans. C'est pour cela que nous sommes là, à la poursuite des
fantômes. Cela se passait entre le 16 et le 18 juin 1967 sur les
County Fairgrounds (Champ de foire), malheureusement distants de 5km…
Monterey :
Janis Joplin est définitivement lancée grâce à une interprétation
inoubliable de « Ball' n' Chain », les Who cassent leurs
guitares sur scène, Jimmy Hendrix brûle la sienne et Ravi Shankar,
pendant plus de 4 heures tient en haleine le public, littéralement
envoûté par le sitar du maître.
Nous
attendons le bus qui nous ramène à San Francisco. On écoute en
boucle Canned Heat, lui aussi à Monterey en 1967. Devant nous une
grande affiche annonce le prochain Festival de Jazz de Monterey pour
la fin du mois. Je crois bien que c'est le 60ième ! Dommage, on
sera partis !
La
vedette du festival cette année se nomme Norah Jones.
La
fille de Ravi Shankar.
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d'une ville mythique et aussi à la recherche des fantômes de la
Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful
Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr.
Sunday,
September 9th 2pm
Le
haut du Haight est célèbre pour son hangar transformé en caverne
d'Ali Baba des collectionneurs de CD et deVinyls . Ca s'appelle
« Amoeba Music » et c'est gigantesque. On trouve des
raretés à des prix tranquilles.
En
face, un hobo ( vagabond ) et son chien font la manche. C'est un
mendiant qui a de l'humour ( voir dessin ), il n'accepte que les
billets. Il faut dire quand même que le premier billet ici est celui
de 1 dollar. On passe devant la coquette maison victorienne de Janis
Joplin sur Lyon St et on débouche sur le « Panhandle »,
le manche de la poêle, jardin tout en longueur, jadis célèbre pour
ses cavalcades de hippies et désormais parcouru par des ribambelles
de cyclistes et de skates ou de rollers. Les plats sont rares à San
Francisco et comme ici c'est en légère pente descendante, on en
profite.
Le
Golden Gate Park est à deux pas de Haight St. On traverse Stanyan St
et on y est. Cinq km de long jusqu'à l'Océan Pacifique et des
dizaines de milliers d'arbres, d'arbustes, de plantes. Un grand
panneau à l'entrée du parc – pas de grille ici bien entendu –
annonce l'événement : « The Opera in the Park ».
On est tout de suite dans le bain. Cela se passe dans la grande
prairie au pied de Hippie Hill., haut-lieu des festivals improvisés
où les stars pop se mêlaient aux inconnus du Hippyland dans des
bœufs sans fin...Aujourd'hui, la pop a laissé place aux grands airs
d'Opéra. La foule est tout aussi nombreuse et tout aussi bon enfant.
On mange, on boit, on discute, on s'amuse en famille et… on écoute
Carmen qui n'en finit pas de mourir, accompagnée par l'Orchestre
Symphonique de la ville au grand complet. A côté de nous un
musicien sans complexe accompagne discrètement la chanteuse de son
tambourin à clochettes. Personne ne s'en offusque. Un jeune papa
change son bébé pendant que la maman somnole. Un cycliste passe
devant nous en zigzagant entre les spectateurs. On est passé à Dom
Juan. Deuxième et dernier Acte. Les portes de l'enfer vont s'ouvrir
pour accueillir le grand séducteur. Le baryton a du courage. Le vent
du Pacifique s'engouffre dans les grands cèdres qui surplombent la
scène. La mort est à l'honneur sous le soleil de Californie.
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d'une ville mythique et aussi à la recherche des fantômes de la
Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful
Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr.
Sunday,
September 9th
Ce
matin on a rendez-vous avec l'Histoire du mouvement hippie :
Haight St et Ashbury. Depuis Downtown où nous logeons ça fait une
sacrée trotte à pieds. Les montagnes russes de San Francisco n'ont
pas volé leur réputation… Passage obligé devant les « Painted
Ladies », 5 maisons victoriennes en bois rescapées du
tremblement de terre de 1906, avec ses promeneurs de chiens
professionnels dans Alamo Square.
Et
c'est enfin le carrefour Haight-Ashbury, épicentre du séisme de la
« Counter Culture » des sixties. LE Height ! Etrange
impression. Les trottoirs sont bondés de monde. On ferme les yeux.
Et tout de suite arrivent les images floues en Super 8 tournées ici
par des amateurs. Une joyeuse troupe colorée de hippies descend
Ashbury. Elle arrive du no 710, quartier général du Grateful Dead,
ou du 122 Lyon St, l'appart de Janis Joplin de la grande époque,
celle de « Big Brother ». On chante, on raconte des
blagues, les enfants descendent la rue en courant, on salue gaiement
le copain qui filme. Tout le monde sourit, les filles sont toutes
belles et blondes. Pas un seul noir… L'acide et l'alcool dans
toutes les poches, ou presque…
Et
puis on a rouvert les yeux et on a remonté le Haight, vers Golden
Gate Park. Des touristes par centaines, beaucoup de français :
Fin du Tour en bus des parcs nationaux avec une journée - pas plus –
pour aller voir le Pont et les hippies avant de reprendre l'avion
pour Roissy. Des hippies, bien sûr, il n'y en a plus, après un
demi-siècle. Même les fantômes se sont enfuis. Le Haight
aujourd'hui est une sorte de mélange de Lourdes et du
Mont-Saint-Michel. Le commerce tourne à plein régime. Verroterie,
parfumerie, vêtements, posters, CD… Style hippie garanti et bien
sûr made in RPC. Quelques hippies de carte postale ( et d'époque!)
se laissent photographier et vous demandent une pièce après.
On
ne peut pas rater la maison où vécut Jimmy Hendrix en 1967. Elle
est peinte en rouge sang et la figure sympa du guitariste est peinte
sur le pignon. C'est bien ici qu'il a habité ! Et les badauds
se précipitent dans le magasin du rez - de – chaussée pour
acheter les meilleurs parfums d'Arabie… Devant la porte une
splendide Porsche 911 rouge est stationnée. Je parierais bien que
c'est celle du patron du magasin.
lundi 15 octobre 2018
Back to the Bay 6
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Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr.
Saturday,
September 8th
Nous
ne sommes peut-être pas passés le bon jour, mais la librairie
« City Lights Books » nous a semblé bien calme en ce
samedi ensoleillé de fin d'été. Des pièces minuscules, encastrées
les unes dans les autres, des escaliers en bois étroits et tortueux,
des alcôves, des petits recoins sombres, des milliers et des
milliers de livres et de revues. Lawrence Ferlinguetti, le créateur
de la librairie la plus célèbre des Etats-Unis, lui a donné ce nom
en hommage au film de Charles Chaplin « Les Lumières de la
Ville »(1931). C'est ici que le coeur de la Beat Generation a
battu dans les années cinquante et c'est ici aussi que Ferlinguetti
s'est battu contre le conservatisme puritain notamment lors du
célèbre procès qui a suivi la publication de « Howl »
d'Allan Ginsberg (1957). Farouche défenseur des droits de l'Homme et
de la liberté sexuelle, pacifiste convaincu, militant anti-raciste,
Ferlinguetti, poète, libraire et éditeur,( aujourd'hui âgé de 99
ans!) a été en quelque sorte le Maspero de la West Coast, le
marxisme en moins. Ce matin, les clients sont des « boomers »
à la soixantaine bien tassée, et ils parcourent paisiblement les
rayons Vegan et Yoga. On s'est assis sur un petit banc, on a trouvé
au rayon poésie un exemplaire de la fameuse collection « Pocket
Poets » ( un peu ce que fera Seghers plus tard ), et on a lu
« Bomb » de Corso. L'esprit de la Beat Generation nous a
paru alors bien, bien loin, à ce moment-là, dans cette petite
librairie de province endormie… On est sorti, j'ai pris une photo
dans Columbus Avenue et on est parti à pieds vers le sud.
… Et
on a retrouvé le Souffle de San Francisco. Des dizaines de milliers
de personnes manifestaient pour la défense du climat : Sur plus
de 5km, Market St envahie de pancartes, de banderoles, de sirènes,
de chansons, de slogans au mégaphone. Des grand-mères, des enfants
en poussette, des couples de tous âges, des handicapés en fauteuil,
des chiens, des centaines d'étudiants de Berkeley, des chiens, des
jongleurs, des pacifistes, des écolos, le parti socialiste
californien ( si,si ! ), le LGBT local en masse et… pas un
seul policier en vue ! Une impression de force extraordinaire,
une détermination farouche contre la politique de Trump, mais aussi
et surtout, la bonne humeur et la fantaisie. Comme si la Beat
Generation et le Flower Power se retrouvaient ensemble, dans la rue,
cinquante ans après.
vendredi 12 octobre 2018
Back to the Bay 5
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Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful
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Friday,
September 7th
Le
tour en bateau de l'île d'Alcatraz prend un quart d'heure et c'est
bien suffisant pour nous. Avec sa citerne et ses bâtiments délabrés,
la prison-musée est vraiment sinistre vue de la mer. Le Golden Gate
Bridge disparaît aujourd'hui dans le brouillard. Les cornes de brume
éclatent au loin. Heureusement, les lions de mer sont là pour nous
accueillir à notre retour au Pier 39. Une centaine de bêtes qui se
dorent au soleil sur les pontons et se chamaillent sans cesse pour le
plus grand bonheur des photographes en quête de selfies originaux.
Je suppose que l'office du tourisme de San Francisco doit leur
fournir chaque jour une tonne de maquereaux pour qu'ils restent là…
Prison dorée, donc, pour ces gros mammifères marins malodorants.
Non
loin de là, sur Telegraph Hill, il y a la Coit Tower. Une espèce de
grand machin en béton, haut de 66m et qui a l'allure d'une lance à
incendie pointant, toute raide, vers le ciel. C'est Lillie Hitchcock
Coit qui a financé son érection en 1933 en l'honneur des pompiers
qu'elle adorait. Veuve de banquier et sacrément excentrique comme on
le voit. Du haut de la tour, vue imprenable sur Alcatraz. On oublie
que les prisonniers avaient eux-aussi une vue imprenable sur la Coit
Tower. Un vrai supplice, on n'en doute pas.
Plus
loin, en descendant vers Chinatown, on emprunte Grant Avenue. Premier
vrai rendez-vous avec le blues.
Au
1339, c'est le Coffee Gallery. Enfin, c'était. Aujourd'hui ça
s'appelle « Maggie McGarry's » et la patronne a l'accent
irlandais.C'est dans ce bar que Janis Joplin chantait le folk-blues
et faisait passer le chapeau. Elle avait 20 ans et était au bord du
gouffre. Une fresque ( « mural » ) orne le mur du fond.
Janis y apparaît en majesté entourée de musiciens inconnus peints
avec des couleurs hideuses. Au bar, des hipsters élégants sirotent
leur Guiness. « Grant is a posh street », une rue chic…
La patronne est assise derrière sa caisse, les yeux dans le vague.
C'est la troisième fois que « West Memphis » passe. La
patronne doit aimer Lucinda Williams. Elle passe ses mains dans ses
longs cheveux châtains, comme ceux de Janis.
mercredi 10 octobre 2018
Back to the Bay 4
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Thirsday,
September 6th
Pour
aller au MOMA, en partant de notre hôtel, on passe par Tenderloin,
le quartier mal-aimé de San Francisco. C'est ici la plus forte
concentration de homeless de la ville, à deux pas du Hilton.
L'alcool
et la drogue font des ravages et les gens se piquent sous les
porches. Des filles de trente ans en paraissent soixante.
Déclassement, déchéance et désespérance. Janis Joplin, lors de
son premier séjour à San Francisco en 1963 a traîné par ici,
petite dealeuse à la dérive, malade et amaigrie, alcoolique déjà,
chantant pour une bière dans les anciens « speakeasy »*
de Turk St.
Le
Moma est à un quart d'heure à pied de Tenderloin et il faut
franchir Market St, principale artère de la ville qui marque la
frontière entre le pays des collines au nord et le plat pays au sud.
On
vient au Museum Of Modern Art de San Francisco pour notre chouchou de
toujours : Sandy Calder, le génial créateur des mobiles. Et
là, on est gâté… Le « Calder Room » peuplé de
mobiles de toutes formes, mais… parfaitement immobiles. Normal. Il
n'y a pas de vent, ni de courant d'air ici, et la clim n'a jamais
rien fait bouger… C'est assez frustrant, finalement. Sur la
terrasse, on découvre le « Grand Crinkly » rouge et
jaune devant un immense mur de verdure. Il ne bouge pas, lui non
plus. On est vraiment ému car il était installé dans les jardins
de Madame de La Fayette à Rennes lors de l'exposition « L'univers
d'Aimé Maeght » de 1979.
Il
faut écarter d'immenses rideaux rouges de plus de six mètres de
hauteur, pour entrer dans l'exposition temporaire consacrée à René
Magritte. Tout Magritte est là, y compris les variantes des tableaux
, et elles sont nombreuses… Mais on a beau chercher, on ne trouve
pas « Ceci n'est pas une pipe ». Etrange, quand même. Un
peu plus loin, on se rattrape avec « Fontaine » de Marcel
Duchamp, qui, comme chacun sait « n'est pas une fontaine »…
*
Speakeasy : Bar clandestin pendant la Prohibition ( 1920-1933 )
dimanche 7 octobre 2018
Back to the Bay 3
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Wednesday,
September 5th
2ème
breakfast de la matinée avec un petit cousin français installé
depuis 18 ans à San Francisco. On rigole bien en voyant arriver les
pommes de terre, les œufs brouillés et les côtelettes à 9h du
matin… Et c'est très bon. Vive le breakfast US !
Pierre
est très occupé. Busy young man ! Marié à une jeune femme
originaire de Hong Kong, il a deux enfants qui parlent chinois,
français et bien sûr américain !
« Vous
voulez voir quelque chose de typique à San Francisco ? »
Bien
sûr qu'on veut !
C'est
un bel hôtel, près d'Union Square, le centre du centre. Hôtel de
France. Le drapeau tricolore et le Stars and Stripes flottent
gaiement ensemble à l'entrée.
« le
patron est français, d'Orléans, c'est un de mes clients et il a
créé son hôtel il y a juste 50 ans. »
On
franchit la porte d'entrée et là c'est le choc !
Tout,
absolument tout est dédié à Jeanne d'Arc. Normal, le boss est
natif d'Orléans. Pas un espace, où Jeanne, sous toutes les formes
possibles et imaginables, ne soit présente ! Portraits, bustes
en plâtre ou en bronze, statues grandeur nature, tableaux, tapis,
fauteuils, abat-jours, verres, dessous de verre, tasses à café,
assiettes, nappes, couvercles de toilettes… Chaque chambre à son
thème : Les voix, Domrémy, la guerre contre les Anglois,
Orléans, le procès et même le bûcher…
« Les
Américains adorent, nous dit le jeune manager français, et ils en
redemandent ! On va prochainement mettre une mosaïque consacrée
à Jeanne d'Arc sur le trottoir devant la porte d'entrée. La mairie
est d'accord. »
Janis
of Port Arthur a-t-elle dormi dans cet hôtel ?
May
be, may be not...
vendredi 5 octobre 2018
Back to the Bay 2
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Tuesday,
September 4th
Avez-vous
déjà essayé de faire deux nuits à suivre ? On a essayé mais
on a échoué lamentablement. A trois heures du matin, debout.
Plaisirs du Jet-Lag. Relecture de « Hippie Days » d'Alain
Dister et de « Looking for Janis » de Lucie Baratte. A 8h
on est dans le Starbuck Coffee du coin de Bush St ( prononcer Beuch
), et on avale notre premier café américain du séjour, un
demi-litre bouillant et au goût indéfinissable. Aujourd'hui, au
programme, c'est le Cable Car, le moyen de locomotion emblématique
de San Francisco, et que seuls les touristes empruntent ; il
faut dire que le trajet simple vous en coûtera 7 dollars. Il faut le
prendre à Powell station, au coeur de Downtown. Imaginez une espèce
de gros chariot en bois coloré sur roues et sur rails, à mi-chemin
entre la cabine de téléphérique et la diligence. Mais il n'y a pas
de chevaux, ni de moteur ! Il y a un câble souterrain de 30 km
environ qui tourne sans fin et auquel le wagon vient s'accrocher à
l'aide d'un manche en acier muni d'une mâchoire . Ca vous
propulse à la vitesse de 15kmh sur des pentes qui peuvent atteindre
20 à 25 % quand même ! Le machiniste est un sportif qui
n'arrête pas de gueuler contre toute la terre qui l'empêche
d'avancer…
Tout
le monde rigole. Ambiance. Le chic, pour les touristes, est de rester
debout à l'extérieur du Cable Car, les pieds sur la marche en bois
et en essayant de s'agripper où on peut. Au terminus, à Mason pour
la ligne 1, les machinos retournent l'engin à la main, si,si !!
Retour
par Lombard St « The most curved road in the world » et
célèbre par la course poursuite de Steve MacQueen au volant de sa
Ford Mustang ( « Bullit »1968 ). J'ai revu la séquence
mais la Mustang n'emprunte pas les 8 virages en épingle… Dommage…
Jimmy
Hendrix, lui, les a empruntés, mais à contre-sens, après avoir
brûlé sa guitare au Festival de Monterey ( 1967).
mercredi 3 octobre 2018
Back to the Bay 1
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Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful
Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr.
3
Septembre 2018. L'atterrissage, après un vol de 11h et les
turbulences au-dessus de la baie d'Hudson, est toujours un moment
particulier, mélange de crainte et de soulagement. Ce soir le vent
est nul, le ciel parfaitement bleu et la baie, à 2000 pieds en
dessous de nous, scintille. Il est 19h heure locale et il va bientôt
être l'heure de prendre son p'tit dèj', heure française…
Attente
interminable à la police des frontières et à la douane.
Fonctionnaire sourcilleux et intraitable. Le Smith et Wesson est sur
la table.
Le
taxi est jaune, bien sûr, les amortisseurs sont morts et le
chauffeur bien allumé. On s'enfonce tout de suite dans le
brouillard, le célèbre brouillard de San Francisco, au milieu d'un
enchevêtrement d'autoroutes et de rocades. La nuit s'est installée.
Les rues sont droites et il n'y a pas de virages. On a l'impression
de tourner en rond dans un lacis de rues à angle droit !
«
The GPS doesn't work this evening. Too much fog ! »
Tu
parles… Vieille astuce de tous les taxis du monde qui prennent les
voyageurs à l'aéroport. Le compteur tourne comme un fou. C'est un
des derniers taxis de San Francisco - j'exagère à peine – Uber et
Lyft ont raflé la mise.
La
porte de notre hôtel, enfin, et une lumière chaude à l'intérieur.
Dehors,
à deux mètres, un SDF( on dit ici « a homeless man » )
dort paisiblement dans son sac de couchage. Il est jeune, bien
habillé et il y a une bouteille de Cola à côté de lui. Nous
sommes en plein centre ville. Contraste. Welcome to Frisco.
lundi 1 octobre 2018
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