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to the Bay
Petit
journal de bord d'un séjour à San Francisco, à la découverte
d'une ville mythique et aussi à la recherche des fantômes de la
Beat Generation, des idées et du son des années hippie, du Grateful
Dead, du Jefferson Airplane et de Janis Joplin bien sûr.
Saturday,
September 8th
Nous
ne sommes peut-être pas passés le bon jour, mais la librairie
« City Lights Books » nous a semblé bien calme en ce
samedi ensoleillé de fin d'été. Des pièces minuscules, encastrées
les unes dans les autres, des escaliers en bois étroits et tortueux,
des alcôves, des petits recoins sombres, des milliers et des
milliers de livres et de revues. Lawrence Ferlinguetti, le créateur
de la librairie la plus célèbre des Etats-Unis, lui a donné ce nom
en hommage au film de Charles Chaplin « Les Lumières de la
Ville »(1931). C'est ici que le coeur de la Beat Generation a
battu dans les années cinquante et c'est ici aussi que Ferlinguetti
s'est battu contre le conservatisme puritain notamment lors du
célèbre procès qui a suivi la publication de « Howl »
d'Allan Ginsberg (1957). Farouche défenseur des droits de l'Homme et
de la liberté sexuelle, pacifiste convaincu, militant anti-raciste,
Ferlinguetti, poète, libraire et éditeur,( aujourd'hui âgé de 99
ans!) a été en quelque sorte le Maspero de la West Coast, le
marxisme en moins. Ce matin, les clients sont des « boomers »
à la soixantaine bien tassée, et ils parcourent paisiblement les
rayons Vegan et Yoga. On s'est assis sur un petit banc, on a trouvé
au rayon poésie un exemplaire de la fameuse collection « Pocket
Poets » ( un peu ce que fera Seghers plus tard ), et on a lu
« Bomb » de Corso. L'esprit de la Beat Generation nous a
paru alors bien, bien loin, à ce moment-là, dans cette petite
librairie de province endormie… On est sorti, j'ai pris une photo
dans Columbus Avenue et on est parti à pieds vers le sud.
… Et
on a retrouvé le Souffle de San Francisco. Des dizaines de milliers
de personnes manifestaient pour la défense du climat : Sur plus
de 5km, Market St envahie de pancartes, de banderoles, de sirènes,
de chansons, de slogans au mégaphone. Des grand-mères, des enfants
en poussette, des couples de tous âges, des handicapés en fauteuil,
des chiens, des centaines d'étudiants de Berkeley, des chiens, des
jongleurs, des pacifistes, des écolos, le parti socialiste
californien ( si,si ! ), le LGBT local en masse et… pas un
seul policier en vue ! Une impression de force extraordinaire,
une détermination farouche contre la politique de Trump, mais aussi
et surtout, la bonne humeur et la fantaisie. Comme si la Beat
Generation et le Flower Power se retrouvaient ensemble, dans la rue,
cinquante ans après.
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